John Burnside est né en 1955 à Dunfermline, en Ecosse, où il vit actuellement. Il a étudié au collège des Arts et Technologies de Cambridge. Membre honoraire de l’Université de Dundee, il enseigne aujourd’hui la littérature à l’université de Saint Andrews. Poète reconnu, il est aussi l’auteur de romans et de nouvelles. Une Vie nulle part date de 2005.
Dans les années 70 à Corby en Angleterre, une petite ville industrielle avec ses aciéries qui puent, salissent tout et polluent. Ici, tout est triste et ceux qui y habitent le font à leur corps défendant, pour gagner leur vie, espérant en partir un jour. Alina et Francis, deux adolescents mal dans leur peau, s’évadent de cet univers en prenant de l’acide. Ainsi débute ce magnifique roman, un de plus pour cet écrivain que j’aime particulièrement.
Un par un, par une série d’enchainements logiques, l’écrivain fait entrer dans son récit une ribambelle de personnages : les parents d’Alina, Alma une déportée Lettone méprisée de ses voisins, Marc son époux avec lequel elle ne fait plus que cohabiter, Jan le frère d’Alina ; chez Francis, il y a le père, Tommy habitué à la vie au grand air en Ecosse, il s’est résolu contre son gré à atterrir ici pour nourrir sa famille, Lizzie son épouse, Francis donc, garçon tourmenté et assez spécial, et Derek son frère cadet, un doux rêveur. Un jour, Jan est tué par une petite bande de crétins alcoolisés, à la sortie du cimetière après l’enterrement, Francis part secrètement et quitte Corby. Au même moment, le leader des crétins assassins est tué par on ne sait qui et le bruit court que Francis aurait fait justice. Résumé hyper-court car il se passe énormément d’autres choses, de ce que je nommerais, à mon sens, la première et plus longue partie du roman.
De longues années plus tard, Francis écrit des lettres non postées à Jan. Un moyen pour lui de s’analyser par une introspection qui lui fait prendre conscience des liens entretenus avec Jan, « Avant de te rencontrer, je ne m’étais jamais rendu compte à quel point j’étais seul », « je partais faire le voyage que nous avions projeté de faire ensemble ». L’errance de Francis le mènera jusqu’en Californie où il constatera que les hippies ont trahi leurs idéaux. Enfin, presque vingt ans plus tard, Francis revient à Corby où il n’avait jamais donné de ses nouvelles, sa mère est décédée depuis longtemps, son père ne va pas tarder à la suivre, son frère s’est marié et est le père d’un jeune gamin, lui n’est là que pour quelques jours seulement (?), il fait la paix avec les siens mais un secret dramatique va lui être révélé… Cette seconde partie, bien que très belle, est néanmoins trop longue mais ce ne sera que la seule critique que j’émettrais sur ce roman.
Toute la poésie caractéristique de l’écriture de John Burnside est présente dans ce très beau roman. Un texte dense s’attachant à la psychologie de ses acteurs, riche en thèmes plus ou moins développés : un univers où chacun vit dans sa bulle pour échapper à sa vie dans cette ville, la violence gratuite des bandes de jeunes alcoolisés, le rejet de la religion puisque Dieu nous a abandonnés. Francis a choisi dès le plus jeune âge, la solitude, s’excluant de lui-même du monde et des gens, préférant vivre nulle part.
J’ai chroniqué plusieurs romans de cet écrivain, à chaque fois je le répète, alors une fois encore je le redis, lisez John Burnside, ce bouquin ou un autre, qu’importe !