Divorce à l'anglaise

Par Lalitote

Je remercie les Editions La Table Ronde

collection Quai Voltaire pour cette nouvelle lecture.

Traduction :  Adrienne Terrier 

Biographie de l'auteure :

Margaret Kennedy est née à Londres en 1896. À vingt-huit ans, elle publie Tessa, qui allait la rendre célèbre. Auteur d'une vingtaine de romans, elle meurt à Londres en 1967.


Présentation de l'éditeur

Lorsque Betsy Canning, à trente-sept ans, constate que malgré sa richesse, sa confortable maison à Londres, sa maison de vacances au pays de Galles et ses trois beaux enfants, le bonheur lui échappe, elle en conclut que le problème vient de son mari et que le plus simple est de s'en séparer. Mais en 1936, la société anglaise est encore frileuse au sujet du divorce. À peine Betsy a-t-elle écrit à ses parents pour les préparer à cette idée que sa décision suscite l'ingérence de ses proches, et en particulier sa belle-mère. Voulant à tout prix sauver ce mariage et préserver les apparences, l'entourage d'Alec et de Betsy ne parvient qu'à déchirer le fragile tissu de la vie familiale et des désirs inavoués. La séparation n'en sera que plus amère, et le couple ne sera pas la seule victime de ce cataclysme où chacun, enfant comme adulte, ami ou simple connaissance, devra choisir son camp.Aussi tranchés que soient leurs avis, et aussi diverses leurs façons de voir le monde, Margaret Kennedy laisse s'exprimer tous ses personnages dans ce roman d'une grande acuité, où les points de vue s'enchaînent et se répondent sans relâche.

Ma chronique :

Betsy Canning a tout pour être heureuse, un mari, des enfants, une vie confortable de femme au foyer et pourtant elle n'est pas heureuse et décide de demander le divorce. Elle espère que que la séparation se passera au mieux mais l'interférence de diverses personnes, y compris sa belle -mère, ajoute de l'huile sur le feu rendant la situation difficile. Nous sommes en 1936 en Angleterre, avec au premier plan les difficultés et les défis auxquels les femmes sont confrontées lorsqu'elle veulent reconquérir leur indépendance et leur autonomie à une époque où les rôles de genre sont clairement définis. La vie de Betsy illustre également les conséquences souvent douloureuses d'un divorce houleux doublé d'un scandale. Les effets sur leurs enfants et leurs proches de leur prise de position en faveur de l'un ou l'autre, les rendront vulnérables. N'oublions pas les pressions sociales auxquelles elle est soumise pour se conformer aux normes de la société. Leur nouvelle vie après leur divorce est de ce point de vue, fascinante. L'utilisation de divers courriers dans le roman donne au lecteur une impression d'immersion dans l'esprit des personnages et des situations.

Après avoir découvert Margaret Kennedy par son superbe roman Le festin, j'étais ravie de lire cette nouvelle parution qui m'a une fois de plus transportée dans un autre monde. Son style d'écriture porte en lui son époque, il est élégant et précis. Elle a une capacité à saisir l'air du temps et tous les changements sociaux, culturels ou politiques. La psychologie des personnages est à la fois complexe et nuancée, leur motivation profonde et les conflits intérieurs qui les habitent les rendent humains. Enfin je trouve qu'elle montre toujours une belle sensibilité aux nuances de l'âme humaine. Elle excelle à décrire les émotions, les pensées et les sentiments des personnages, ainsi que les relations complexes qui les lient les uns aux autres.

Citation :

Je ne sais pas comment ils retrouveront le bonheur. Tu dis que ce sont des restes d'amour qui se sont gâtés. Tu ne crois pas que c'est parce qu'ils refusent de voir la vérité en face ? L'amour peut rendre malheureux, mais il faut y mettre du sien pour qu'il se gâte. Ce ne sont pas les blessures, les mauvaises actions qu'il ne se pardonnent pas ; c'est qu'ils savent. Alec et Betsy savent, et Joy aussi, qu'en dépit de tout, en dépit de ce qu'ils ont dit et fait pour se détruire l'un l'autre, ils ne supportent pas d'être séparés.