Louis Joos.
Louis Joos à l'honneur
Parmi les rencontres peu suivies, celle organisée dimanche après-midi autour de Louis Joos. Notre merveilleux illustrateur était accompagné de Rascal, son vieux complice, et de son ami auteur-illustrateur Pascal Lemaître. La conversation précédait la remise, des mains de Nadine Vanwelkenhuyzen, directrice générale adjointe au Service général des Lettres et du Livre, du Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour sa contribution au rayonnement de la littérature jeunesse en Belgique francophone. Un maigre public d'une petite vingtaine de personnes, membres du jury l'ayant couronné, membres d'une fondation privée, personnes de sa maison d'édition ou famille du lauréat. Quel dommage!
Editeur jeunesse écoresponsable
Maison d'édition jeunesse créée à Nantes en 2019, La cabane bleue publie des livres illustrés pour sensibiliser les enfants à la protection de la planète dans une démarche 100 % écoresponsable. C'est-à-dire, quatre titres par an maximum, bien conçus et accompagnés, tous sur le même format pour optimiser l'impression réalisée en France, sans couverture à pelliculage plastique, avec des droits d'auteur supérieurs à la moyenne, distribués en Belgique par Makassar.
Les titres des différentes collections montrent bien combien chaque album apparaît original dans l'océan de livres jeunesse publiés sur tout et n'importe quoi. La collection "Mon humain et moi" présente des personnes célèbres par le biais de leur animal. "Les herbes folles" évoquent la nature et l'écologie autrement. "Suis du doigt" invite l'enfant à déterminer son parcours dans les pages qui lui présentent une espèce menacée. "Les histoires" réunissent des fictions sur les questions écologiques. Catalogue complet ici.
Aglaé, par Giulia Vetri. (c) La cabane bleue.
Poésie jeunesse voyageuse
In "Voyages à perdre haleine". (c) Motus.
Multiples familles animales
L'auteure nous raconte tout cela avec force détails dans de petits textes ciselés, aux titres littéraires, le noms des espèces présentées apparaissant dans le cartouche scientifique. Ils sont superbement accompagnés par les dessins de Marie Caudry.
Présente à la Foire du livre de Bruxelles, Karine Granier-Deferre a répondu à mes questions.
Pourquoi "Naître animal"? "C'est un documentaire différent. Il fait écho aux changements de modèles familiaux dans la société. Je ne porte pas de jugement mais je veux montrer aux enfants les différentes familles qui existent. C'est une façon de parler de la différence, d'inciter à ne pas souffrir de la différence. Quand on voit toutes ces différences, on comprend que plus personne ne l'est, puisqu'on est tous différents. J'ai fait énormément de recherches, j'ai beaucoup lu, je me suis constitué mon réseau, j'ai échangé avec des chercheurs. J'ai fait un livre d'éthologie, de comportement."
Comment avez-vous établi votre sélection? "Je présente 26 animaux, dont l'être humain en finale. Pour les choisir, j'ai pris un peu dans toutes les espèces, avec des schémas très différents, contre les clichés répandus comme celui que chez les mammifères, ce sont les mamans qui s'occupent des petits et non les papas. J'ai aussi opté pour des animaux qui plaisent aux enfants."
L'histoire qui vous a le plus étonnée? "Le nombre d’animaux qui grandissent sans parents. Autres étonnements: sur les quatre types de hyène, le fait qu'une soit complètement différente, et aussi que les campagnols soient les plus proches de la famille nucléaire."
Pourquoi Marie Caudry? "C'est l'éditeur qui a choisi l'illustratrice. J'aime le côté onirique de Marie Caudry, proche du conte. Elle a créé un vrai rapport texte-images, sans anthropomorphiser mais avec une touche affective pour l'émotion. Elle a choisi un pantone orange comme fil conducteur entre tous ses dessins."
La tortue Arrau. (c) Casterman.
Une plume adulte à suivre
Sous son nom, Caroline Wlomainck se lançait aussi en janvier dans la nouvelle, plutôt noire, avec l'excellent opuscule "Little paradise" (Lamiroy, lire ici). Un texte qui se retrouve au milieu du recueil "Incisives" tout juste paru. Avant, dans un texte à deux voix, un jeune couple de "Vautours" qui se montre aimable avec sa vieille voisine, dans l'unique but de lui rafler sa maison au joli jardin. Sans imaginer que la fine Eliane allait déployer de redoutables ruses. Dans "Débordement", un journaliste déçu et dégoûté par l'ultralibéralisme décide de faire justice lui-même. Il enlève le big boss d'une multinationale de l'agroalimentaire, un pourri de la pire espèce. Ce sera la grande malbouffe! Des scènes incroyables et une finale inattendue.
Après "Little paradise" arrive un texte tout aussi incisif, "Eté 89", où un ancien gamin se remémore les étés de sa jeunesse, au camping dans le sud. Les balades avec son meilleur ami, les explorations, les découvertes, les paris et les défis… Un texte à deux voix, leurs surnoms de l'époque, vingt ans plus tôt, car le destin a sacrément rebattu les cartes des inséparables. Enfin, "Joker" porte un grand coup dans la vie de couple. Vingt-cinq ans après leur mariage, Fred, le narrateur, travaille toujours (à la police) mais Hélène tourne en rond (syndrome du nid vide). Les bonnes intentions suffisent-elles?
Dans ces cinq nouvelles, Caroline Wlomainck pointe d'une écriture acérée, porte la plume, comme on disait avant, dans ce qui émerge de notre monde, l'argent, encore l'argent, le couple, les remords... Elle a de l'imagination et du style. Elle nous secoue pas mal et ça fait du bien.