3 lectures plutôt récentes, alors c’est parti !
Mauvaises graines de Katia Astafieff
J’ai passé un excellent moment avec ce livre qui fourmille d’anecdotes sur… les méchants végétaux qui nous entourent ! On ne croirait pas qu’une simple promenade bucolique, dans un décor paradisiaque, puisse tourner au cauchemar, et pourtant ! Une touriste anglaise eut le malheur de croquer à pleines dents dans un beau fruit appétissant tombé sous un arbre, au bord d’une plage. Erreur fatale, le fruit semblable à une pomme lui occasionna de sévères brûlures et un début d’oedème ! Ce bel arbre, le mancenillier, est en fait surnommé l’arbre de la mort ! Voilà en guise d’apéritif un exemple des redoutables tueurs du monde végétal, décrits avec beaucoup d’humour par la directrice adjointe des jardins botaniques du Grand Nancy.
Les moins dangereuses de toutes ces plantes, sont des arbres ou arbustes allergènes, communs dans nos contrées, et qui paraissent finalement bien inoffensives face au piment Bhut Jolokia capable de perforer l’oesophage, ou encore aux berces du Caucase qui est photosensibilisante.
Les plantes possèdent des pouvoirs étonnants et rivalisent d’ingéniosité pour survivre. Certaines d’entres elles ont atteint des sommets de popularité grâce à l’usage que nous en faisons : la coca, le tabac, ou la canne à sucre !
J’ai également apprécié le propos de l’auteure car au-delà des exemples de plantes toxiques ou néfastes pour notre santé, ce livre traite aussi des plantes exotiques envahissantes, comme la Renouée du Japon et qui donnent à réfléchir sur les conséquences de nos actions et de nos modes de vie. Conclusion, aucune plante n’est réellement méchante bien sûr, et les dommages qui résultent de rencontres fortuites avec certains de ces végétaux révèlent surtout l’ignorance abyssale qui caractérise désormais nos sociétés et la perte de savoirs anciens. Ces atteintes répétées à la biodiversité provoqueront la disparition inéluctable de certaines espèces dont nous ne connaitront jamais les propriétés…
Ma vie avec les arbres de Karine Marsilly
Un récit et témoignage fort instructifs qui m’auront permis de mieux connaître le métier d’élagueur et de découvrir que cette activité peut donc être pratiquée par des professionnels qui ont une éthique ! On ne s’alarme ou s’indigne bien souvent que pour des arbres abattus mais que dire des arbres que je qualifierai volontairement de « défigurés » ? Et c’est une femme qui nous fait entrer dans ce monde fascinant, ce monde des arbres qui semblent communiquer avec des humains capables de les écouter. Car l’élagage est un art qui consiste à aider un arbre à vivre avec une infirmité, un déséquilibre qui autrement le condamnerait à une bonne coupe rase. Ce récit se veut aussi un manuel du bon usage des arbres pour des propriétaires souvent bien prompts à condamner un de ces géants inesthétique, vieux ou fragilisé par une tempête. Karine Marsilly est, je le crois bien volontiers, une professionnelle respectée dans un monde essentiellement masculin, et qui met sa sensibilité et son intelligence au service de la biodiversité, ce qui est fort louable. Chaque essence d’arbres a ses caractéristiques et ne réagira pas de la même façon à un élagage, chaque ramure est différente, chaque écorce a sa particularité. C’est tout à fait passionnant.
En conclusion, préférer la scie japonaise à la tronçonneuse est un gage de respect pour les arbres et donc, un critère important si vous voulez faire appel à un élagueur.
Impact d’Olivier Norek
N’étant pas une très grande fan de polars (à quelques rares exceptions près), je pense que je n’aurai jamais ouvert un Norek sans ce roman, que ma mère m’a fortement conseillé (merci maman :-))) Bien évidemment, le thème central du roman figure parmi les sujets de société qui m’intéresse le plus, et la volonté de l’auteur de mettre en lumière un des nombreux désastres écologiques qui nous menace, a emporté mon adhésion.
Il n’est pas le premier à choisir un sujet d’écologie mais sa manière de présenter la nécessité du radicalisme en cette matière m’a séduite. Je ne cache pas que, malgré mon statut de quinqua, j’ai subi (et je subis encore un peu) les conséquences de ce qu’on appelle l’éco-anxiété. Un mal qui ne touche pas que la jeunesse et qui m’a heurtée de plein fouet sur la question climatique. Il m’a donc été facile de comprendre les motivations du héros, Virgil Solal, qui devient justicier plus par nécessité que par conviction personnelle. Au début du moins.
Le point fort du roman est de rassembler suffisamment de matière pour que le lecteur comprenne le degré d’urgence auquel nous sommes confrontés. Pour celui ou celle qui aura envie d’aller plus loin, les rapports du GIEC sont là ainsi que la triste réalité de notre actualité. Entre épisodes climatiques extrêmes et la guerre pour s’accaparer les ressources (à commencer par l’eau), on comprend bien que le temps des discours, des rapports, des études et des palabres en tous genres est révolu. On n’a plus le temps et on n’a plus le choix. On pourra reprocher tout à un tas de choses à Impact, mais il a le mérite de susciter le débat sur les moyens d’agir envers et contre tous, quand les gouvernements (dans l’ombre des multinationales) ont tout intérêt ralentir et freiner les actions visant à la décroissance et la sobriété.
On le dit et on le répète partout : certes, la planète va souffrir ainsi que toutes les autres créatures qui n’auront pas le temps de s’adapter. Les pertes et les sacrifices seront lourds et il n’y aura pas de retour en arrière. Mais au-delà de cette effrayante perspective, il y a aussi la question de notre survie, à nous les humains. Et c’est le seul reproche que je ferai à Olivier Norek, sa fin, aussi rassurante et porteuse d’espoir qu’elle soit, me semble extrêmement improbable et farfelue.
Alors, que ferons-nous ? Faudra-t-il des Virgil Solal pour nous tirer de notre torpeur ? et jusqu’au faudra-t-il aller ?