Titre : Les Demoiselles
Auteur : Anne-Gaëlle Huon
Édition : Le livre de Poche
Genre : Contemporain
Pages : 340
Parution : 3 mars 2021
« Il n’y a que trois règles ici, Rosa. La première : ne jamais tomber amoureuse. La deuxième : ne jamais voler l’homme d’une autre. La dernière : ne boire que du champagne millésimé. » Seule l’une de ces trois règles sera respectée.
J’avais quinze ans quand j’ai pris la route ce matin-là, et une seule idée en tête : rejoindre le Pays Basque, devenir couseuse d’espadrilles, et échapper à mon destin. Jusqu’à ce que je rencontre les Demoiselles. Des femmes fantasques et mystérieuses vivant au milieu des livres, des jarretières et des coupes de champagne. Qui étaient-elles ? Quel secret cachaient-elles ? Libres et incandescentes, accompagnées d’un majordome plus grand qu’une cathédrale, d’un chauffeur louche et d’un perroquet grivois, les Demoiselles n’auraient jamais dû croiser ma route. Pourtant, ces femmes ont changé ma vie.
J’ai longuement hésité devant ma pal avant de choisir un livre. J’ai finalement jeté mon dévolu sur celui-ci. J’en avais entendu que du bien, mais je ne l’ai peut-être pas sorti au bon moment. J’ai beaucoup aimé cette lecture, mais j’aurais aimé l’aimé davantage.
Nous suivons Rosa, une jeune fille vivant dans un village plutôt pauvre d’Espagne. Elle vit avec sa grand-mère et sa sœur. Elle va convaincre sa sœur de partir faire une saison en France, plus précisément au Pays Basque. Là-bas, elle serait couseuse d’espadrilles. Beaucoup d’Espagnole traversent les montagnes pour se constituer un trousseau et mettre de l’argent de côté. Elles sont surnommées les hirondelles.
Malheureusement, le voyage de Rosa va très mal se passer, alors qu’elles sont en pleine montagne un orage arrive et la sœur de Rosa, Alma ne va pas y survivre…
L’arrivée à Mauléon est donc une catastrophe pour Rosa, elle qui, en plus, à une jambe qui l’a fait souffrir et boîte. À l’atelier, elle va vite être considérée comme le vilain petit canard, la boiteuse, celle qui va moins vite que les autres. D’ailleurs, Rosa est loin de s’attendre à être carrément rejeté par les hirondelles. Heureusement, entre temps, elle avait fait la connaissance de Mlle Thérèse, une institutrice passionnée. Elle va se réfugier chez elle. Mlle Thérèse fait partie des demoiselles, elle vit dans une grande maison un peu éloignée de l’atelier. Elle y vit avec Mlle Véra, Colette, qui travaille également à l’atelier, Lupin, Marcel et la cuisinière Bernadette. Elle va être accueillie à bras ouvert pas les demoiselles et va pouvoir vivre à leur côté. C’est à ce moment-là que sa vie va être bousculée, que son chemin va prendre une tout autre direction.
Ne suis pas la route qui t’est imposée, Paloma. Va là où il n’y a pas de chemin ! Et laisse une trace.
En commençant ce livre, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, je n’aurais pas imaginé une seule seconde la trame de cette histoire.
Mais j’ai vraiment aimé, même si j’aurais aimé être un peu plus touchée par les personnages.
J’ai adoré être plongé dans les années 1920, les années folles et tout ce qui va avec. Surtout dans les histoires de Colette et Mlle Véra qui vivait à Paris. Du champagne, des perles, le luxe, les plumes… J’ai beaucoup aimé le contexte de ces années-là, j’aurais d’ailleurs aimé y rester un peu plus longtemps. J’ai trouvé qu’à un moment de l’histoire, tout s’accélère, les années font des gros bons, un peu trop rapides pour moi.
À travers ces années-là, l’autrice nous parle des conditions de vie des femmes. On voit vraiment la différence entre les femmes de Mauléon, de l’atelier, les hirondelles et celles des demoiselles. Les demoiselles ne sont pas appréciées, sont insultées et dénigrées parce qu’elles ont choisi l’émancipation et la liberté. Pour elles, il n’est pas question d’amour, les hommes ne sont que de passage. J’ai beaucoup aimé cette notion de liberté dans une époque où les femmes en avaient très peu, voir pas du tout.
J’ai aussi aimé l’univers des espadrilles, des couseuses qui venaient d’Espagne, des conditions de travail, la façon dont elles sont faites. On voit bien le travail de l’autrice sur cette institution française, connue de tous. L’autrice, grâce aux espadrilles, a construit une vie à Rosa, elle va réussir à faire connaître ses créations à tout le monde, même jusqu’aux États-Unis.
Autre chose que j’ai beaucoup aimé, c’est la présence des gens connus, comme Chaplin, Christian Dior et bien d’autres qui font l’apparition dans l’histoire. J’ai trouvé ça super intéressant et surtout ce sont des personnalités que tout le monde connaît.
Et bien sûr, il y a les décors de ce livre, le Pays Basques, une région que j’aime énormément, j’avais vraiment l’impression d’y être.
Concernant les personnages, je les ai trouvés très intéressants et très bien construit. Je crois que j’ai un coup de cœur pour Lupin, il est vraiment intrigant, mais aussi très sage, patient et doux. J’ai aussi aimé Rosa évidemment, mais j’aurais aimé vibrer un peu plus avec elle, ressentir un peu plus ses émotions. Mais surtout, j’ai adoré la solidarité qui règne dans la maison des demoiselles. Tout le monde se soutient, s’entraide, finalement cette maison, c’est une famille, en plus, ils ont tous une histoire bien particulière.
À y réfléchir, cette maison avait, elle aussi, tout d’un cirque, tenu par une institutrice et une bande de forains excentriques portés sur la bouteille.
En lisant les mots de l’autrice à la fin de son histoire, on découvre que la plupart des choses présentes dans l’histoire sont vraies. Les hirondelles existaient vraiment, l’atelier d’espadrilles aussi et Chaplin est vraiment venue passer cette soirée dans le Pays-basque. Un énorme plus à l’histoire et encore une fois un sacré travail documentaire de l’autrice.
C’est une très bonne lecture pour moi, une immersion au Pays Basques, dans les années 1920. Les femmes sont au centre de l’histoire, une histoire de liberté et de solidarité dans des années qui n’étaient pas faciles pour elles. Une histoire de famille, de cœur, d’amitié, de soutien remplie de douceur et de bienveillance.