Éditions de l’Archipel, 2006 (221 pages)
Ma note : 14/20
Quatrième de couverture …
Leur destin compose le portrait d’une nation. Sans elles, Charles VII n’aurait pas été sacré roi à Reims, Lourdes n’aurait fait l’objet d’aucun pèlerinage, le radium n’aurait pas livré ses secrets, et l’IVG n’aurait pas force de loi. Jeanne d’Arc, Bernadette Soubirous, Marie Curie, Simone Veil : quatre des quelque 400 bâtisseuses d’Histoire que présente cet ouvrage.
Muses inspirées (Ninon de Lenclos au XVIIIe, George Sand au XIXe ou Marie-Laure de Noailles au XXe siècle) ou courtisanes (Mme de Montespan, Mme de Pompadour), les femmes ont usé de leurs qualités pour infléchir le cours des siècles. Leur rôle politique fut souvent capital, à l’image de celui des « dames de fer carolingiennes » Berthe et Rachilde, d’Aliénor d’Aquitaine, de Louise de Savoie auprès de son fils François Ier, de Catherine et Marie de Médicis, ou encore de Marie-Antoinette au côté de Louis XVI.
Plus près de nous, Colette et Françoise Sagan célèbrent les voluptés et l’indépendance. Françoise Giroud transforme la presse et l’image de la politique. Françoise Dolto redéfinit l’enfance et la maternité. Sonia Delaunay ou Niki de Saint-Phalle concourent aux révolutions esthétiques. Suzanne Lenglen, les sœurs Goitschel, Jeannie Longo donnent un visage au sport féminin de haut niveau. Jacqueline Auriol franchit le mur du son. Geneviève de Gaulle, sœur Emmanuelle offrent leur nom aux causes humanitaires. Marguerite Yourcenar et Jacqueline de Romilly féminisent l’Académie. Et tant d’autres qui, toujours, portent haut les couleurs de la liberté, qui sont celles de la France.
Mon avis …
En passionnée d’Histoire, j’aime de temps en temps me plonger dans des beaux-livres qui explorent les destins royaux, l’histoire de la mode ou encore certaines périodes historiques qui m’attirent beaucoup (comme le Second Empire ou les Années folles). C’est toujours la promesse d’un véritable voyage dans le temps, et j’apprécie généralement la qualité des illustrations proposées dans tous ces ouvrages.
Elles ont fait la France s’intéresse ici aux figures féminines qui ont, toutes à leur manière, réussi à laisser une trace dans leur domaine de prédilection. Qu’il s’agisse d’occuper de hautes fonctions, d’entrer en politique, d’évoluer dans le monde des sciences, de chanter, de jouer la comédie ou encore d’être la maîtresse d’un roi, Philippe Valode nous présente toutes ces femmes qui ont parfois dû s’imposer et jouer des coudes pour se faire une place.
J’ai apprécié le découpage chronologique de cet ouvrage qui part de la légende d’Éponine, et donc plus ou moins de la dynastie mérovingienne, pour aboutir à notre époque contemporaine. Chaque personnalité fait l’objet d’un encart (plus ou moins conséquent) qui retrace le parcours ainsi que les dates importantes associées à chaque portrait.
J’ai ici pu découvrir des destins d’aviatrice (dont j’ignorais tout à fait l’existence), tout comme j’ai pu frissonner en me représentant la violence des premières dynasties mais aussi de la société du Moyen-Âge, où les femmes devaient littéralement se battre et déjouer des enjeux de pouvoir afin d’éviter d’y laisser leur peau. Plutôt glaçant ! Si certaines furent davantage célébrées pour leur beauté (comme Agnès Sorel, première favorite officielle d’un roi), d’autres ont su exprimer leur talent dans le domaine de la politique, des arts, de la littérature ou des sciences. Certains portraits sont inspirants, d’autres tout à fait étonnants. Je pense notamment à Emilie du Châtelet (grande amie de Voltaire) qui a pu concourir, grâce à ses connaissances en mathématiques, au prix de l’Académie des Sciences en plein Siècle des Lumières !
Certains portraits ont donc su retenir mon attention, et me donnent envie d’en savoir plus à leur sujet. C’est le cas pour Anna de Noailles, romancière ; Niki de Saint-Phalle, artiste ; ou encore Mme Racamier dont je connaissais uniquement la toile de David la représentant.
Si j’ai passé un bon moment en compagnie de cette lecture, ce ne fut pour autant pas un coup de cœur. Je regrette uniquement ce côté encyclopédie qui fait que parfois tout semble survolé, pas assez approfondi, alors qu’on a tellement envie d’en savoir davantage sur toutes ces femmes ! Disons que ce beau-livre offre davantage une porte d’entrée pour qui souhaite ensuite en apprendre plus sur certaines personnalités présentées dans cet ouvrage. Et c’est déjà beaucoup ! Un beau-livre à savourer tant il regorge de dates et d’informations, et à admirer pour ses illustrations. Ci-dessous : gravure représentant Christine de Pisan (Livre de la cité des dames, XVe siècle) ; portrait de la comtesse de Noailles (Philip Alexius de László, 1913).