Cormac McCarthy est un écrivain américain né en 1933 à Providence (Rhode Island). Après ses études, il rejoint en 1953 l'armée de l'air américaine pour quatre ans, dont deux passés en Alaska, où il anime une émission de radio. En 1957, il reprend ses études à l'université, se marie avec la première de ses deux femmes en 1961 et a un fils. Il quitte l'université sans aller jusqu'au diplôme, et s'installe avec sa famille à Chicago, où il écrit son premier roman. Aujourd’hui Cormac McCarthy vit au nord de Santa Fe (Nouveau-Mexique) dans une relative discrétion et accorde très rarement des interviews.
Cinquième roman de l’écrivain, Méridien de sang date de 1985. S’il est un roman pour lequel l’expression « dantesque » s’applique parfaitement c’est bien celui-ci, tant il répond à sa définition : grandiose dans l'horreur, terrifiant.
Milieu du XIXème siècle. Un gosse de quatorze ans, dit le Gamin, fuit le foyer parental au Tennessee et se fait enrôler dans une bande de mercenaires payés au scalp. Le capitaine Glanton mène cette armée loqueteuse et puante composée d’hommes « parés d’organes humains comme des cannibales ». Tout cède sur leur passage, ils pillent, tuent, violent, brûlent, hommes, femmes, enfants, animaux. Aux côtés du capitaine, le juge Holden, un gros homme dotés de multiples capacités (il herborise, il dessine, il sait énormément de choses) tout en ayant une attitude ambigüe vis à vis du gamin.
Le roman est inspiré de faits réels commis par John Joel Glanton et sa bande entre Texas, Mexique, Arizona et Californie entre 1849 et 1850. Un long carnage sans fin, on massacre tout ce qui bouge, on scalpe, ça pue le sang et la tripaille, on incendie masures et campements et la bande crapahute dans des décors dignes de l’enfer, soit c’est le désert et le manque d’eau, soit c’est la neige et le froid, la Nature à l’unisson des Hommes se fait violente avec ses animaux sauvages (« l’ours s’élança en serrant dans sa gueule l’Indien qui se balançait comme une marionnette »).
Cette horreur factuelle est accentuée par l’écriture de Cormac McCarthy, froide, sans aucun pathos ou empathie, empathie pour qui d’ailleurs, tous sont exécrables. Outre ce point, la lecture du récit n’est pas toujours très simple, aucun tiret pour les dialogues et des ellipses en compliquent un peu la compréhension. Le lecteur avance dans le texte sans vraiment vouloir savoir comment il va se terminer (se termine-t-il ?), juste subjugué par cet effroyable déferlement de crimes.
Bien sûr, tout le monde ne pourra pas lire ce livre, mais ceux qui y parviendrons se laisserons happer par ce tourbillon fascinant, extraordinaire représentation de ce que peut être la violence humaine et le Mal, avec une légère trace de mysticisme (« S’il avait été dans le dessein de Dieu d’arrêter la dégénérescence du genre humain, est-ce qu’il ne l’aurait pas déjà fait ? »).
Enorme !