" La Traversée de Bondoufle "
Bondoufle. Essonne. Jean Rolin s'est lancé dans une exploration quasiment incongrue, celle des frontières qui ne séparent pas l'agglomération parisienne de ses marges plus communément appelées banlieues. Des zones de " rien du tout ". Où s'amoncellent les vestiges de la civilisation de l'intérieur, vestiges calcinés ou abandonnés sur des terrains que l'on dit vagues. Des lieux sans dénomination précises, tels ceux abandonnés par la Grande Muette, des lieux que ne fréquentent que des marginaux ou des aventuriers sans avenir. Des ruisseaux canalisés ou libres de leurs épanchements saisonniers. Du béton. Des friches agricoles qui laissent deviner des champs de maïs ou de colza, des traces d'élevages de bovins. Et puis des tas d'animaux, des lapins pullulant sur un rond-point à l'entrée d'Aulnay-sous-Bois, des chats et des espèces qualifiées de sauvage. Un cheminement à la limite de l'absurde que le Lecteur a accompli, suivant les traces laissées par Jean Rolin, sans jamais ressentir d'ennui.
" En effet, au fur et à mesure qu'entre un champ couvert d'éteules et un autre planté de colza pourrissant, je me dirige vers les bâtiments récents, et sans grâce, qui le long de la D 98 marquent la limite atteinte de ce côté par la ville, donc dans un environnement, une fois de plus, peu propice à la vie sauvage, je fais lever d'abord un couple de perdrix, puis un lièvre d'une taille sensiblement moindre que le précédent (ou peut-être s'agit-il du même, mais envisagé plus sereinement), je vois ensuite deux hérons cendrés posés dans le champ aux éteules, et au-dessus de celui-ci, chassant, un faucon crécerelle, enfin j'entends grisoller une alouette dont le chant a tout de même beaucoup de mal à s'imposer face à la rumeur de la circulation, croissante au fur et à mesure que l'on se rapproche de la route et des immeubles neufs qui la bordent. "