Le hasard faisant bien les choses, après le film "Les trois mousquetaires ; D'Artagnan" au cinéma, voici venir le comic book Les Sept Lames, publié chez Black River Comics. Le point commun entre les deux œuvres, c'est bien entendu la présence de D'Artagnan, le célèbre épéiste d'Alexandre Dumas. Ici, les autres mousquetaires sont morts; il est le dernier rescapé de la joyeuse brigade et il va reprendre du service pour une aventure aussi mouvementée que risquée. Vous l'aurez compris uniquement avec le titre de cet album, il ne va pas être seul face au péril. En effet, six autres compagnons d'armes vont le rejoindre, les uns après les autres. Vous avez aimé les Avengers chez Marvel, tous ensemble pour combattre le terrible Thanos ? Vous allez adorer cette brigade hétéroclite qui compte dans ses rangs des personnages aussi différents que le dragueur impénitent Dom Juan, le bretter infaillible Cyrano de Bergerac, le Capitaine Blood, Ahmed le voleur de Bagdad, une jeune et jolie nonne (Catalina), Faust ou encore la très séduisante Mademoiselle de Maupin. Evan Daugherty puise son inspiration dans les mythes historiques et littéraires et il assemble une fine équipe avec beaucoup de naturel, mais surtout des dialogues pétillants qui rendent l'histoire agréable à lire, en tous les cas bien plus que ce à quoi je m'attendais au départ. Pour être honnête, j'ai feuilleté les premières pages des Sept Lames tel un critique désabusé qui se voit plus ou moins contraint d'aborder une nouvelle parution, qui vient s'ajouter à la pile en attente de publication. Il ne m'a fallu que la moitié d'un épisode pour comprendre mon erreur car en fait les pages se tournent rapidement et plaisamment, on se laisse prendre au jeu sans aucune difficulté dans ce qui est un combat contre les forces du mal (ici incarnée par le toujours diabolique Cardinal de Richelieu) et la recherche d'un objet aux pouvoirs incommensurables, une épée permettant de rendre à Lucifer lui-même tout le pouvoir qu'il a possédé jadis.
Tout va vite, tout va même parfois trop vite dans cet album où le scénario aurait été vraisemblablement encore plus convaincant, avec un ou deux épisodes de plus, qui auraient permis de décompresser la mini série. On voyage beaucoup, de Paris à Rome en passant par la cour d'Espagne, sans oublier un tour à bord d'un navire face à des pirates, dans l'Atlantique… Bref, c'est virevoltant et d'une page à l'autre, nous n'avons jamais le temps de nous ennuyer. On remarquera également une attention toute particulière portée à la partie graphique : les deux dessinateurs italiens présents dans cet ouvrage, Riccardo Latina et Federico Dallocchio, sont absolument remarquables. Le trait est fouillé, précis et ne souffre absolument d'aucune baisse de régime. Toutes les cases sont traitées avec le même soin, il y a une grande lisibilité dans la manière de représenter les différents personnages, et la mise en couleur de Valentina Bianconi s'adapte parfaitement aux ambiances instaurées. Même la fin est assez réussie puisque chacun des combattants va se voir obligé de se livrer bien malgré lui à une forme d'introspection, d'être confronté aux doutes, aux peurs, aux aspects les plus sombres hébergés dans l'individu. On ne peut pas se frotter au Diable sans risquer d'y laisser plus que quelques bobos. C'est également l'essence même de l'humanité qu'on risque de perdre dans l'affrontement. Du coup, bonne pioche que ces Sept Lames chez Black River. Un groupe en apparence dysfonctionnel et improbable, qui finit par apprendre à travailler ensemble, n'hésite pas à donner dans l'humour (avec un poil de trivialité et de nombreux jeux de mots assez drôles) et qui emmène le lecteur dans une quête menée bille en tête… bref, normalement de quoi séduire beaucoup d'entre vous, surtout en cette période où les mousquetaires semblent être particulièrement à la mode.
Variant cover de J.G. Jones