Éditions Le livre de poche, 2021 (191 pages)
Ma note : 14/20Quatrième de couverture ...
On a beau s'appeler Hercule Poirot, on se sent bien peu de chose, renversé dans le fauteuil du dentiste, prêt pour le supplice. L'illustre détective est beaucoup plus à son aise en face d'une affaire criminelle embrouillée. Qu'à cela ne tienne ! Cette séance humiliante va donner à Poirot l'occasion de montrer son extraordinaire talent.La première phrase
" Au petit-déjeuner, Mr Morley ne se montra pas de la meilleure humeur qui fût.
Il se plaignit du lard fumé, demanda pourquoi diable le café avait cette apparence de gadoue et tint à signaler que les flocons d'avoine étaient tous les jours un peu plus immangeables. "
Mon avis ...
Qui n'a jamais frissonné ou serré les dents au simple bruit de la roulette du dentiste... De quoi donner des sueurs froides à notre détective belge au crâne ovoïde et aux moustaches en croc ! Si le Dr Morley est un excellent praticien, il n'était évidemment pas prévu que celui-ci soit retrouvé une balle logée dans la tête, le jour même de son rendez-vous avec Hercule Poirot. Suicide ? L' inspecteur Japp en est persuadé ; une erreur de dosage causant le décès d'un patient en serait la cause formelle. Seulement pour Poirot, point de conclusion hâtive. Rien ne vaut l'ordre et la méthode. Les petites cellules grises de notre détective risquent bien de tourner à plein régime.
Publié pour la première fois en 1940, Un, deux, trois... ( One, two, buckle my shoe) mêle habilement récit policier et espionnage. L'intitulé des chapitres reprend les mots d'une comptine anglaise, tandis que Dame Agatha brosse le portrait de personnages tous plus mystérieux les uns que les autres : Mr Amberiotis, un client grec ; Miss Mabelle Sainsbury Seale, une patiente à la langue bien pendue et pour le moins excentrique ; Franck Carter, le fiancé (aux allures de fripouille) de la secrétaire du Dr Morley ; ou encore Alistair Blunt, un magnat de la finance.
Comme à son habitude, Agatha Christie réussit le pari de balader son lecteur. Impossible de découvrir l'identité du (de la) coupable avant le dénouement final ! Les fausses pistes se multiplient, et ce fut bien sûr une lecture agréable même si je vous avoue moins accrocher (en général) lorsqu'il est question d'espionnage, préférant de loin les enquêtes de Poirot mettant en scène des secrets de famille.
Le capitaine Hastings est ici de nouveau aux abonnés absents, et je dois dire que son personnage me manque un peu. On sent également qu'Hercule Poirot commence quant à lui à prendre de l'âge, sans pour autant perdre de sa superbe cela va sans dire. Son binôme avec l'inspecteur Japp fonctionne heureusement toujours aussi bien, et l'on se régale de leur lien d'amitié même si tous deux se montrent rarement d'accord l'un avec l'autre.
Si Un, deux, trois... n'est clairement pas mon Poirot favori, je n'ai bien sûr pas boudé mon plaisir en le lisant. J'ai été totalement menée en bateau, et j'admire toujours autant le talent d'Agatha Christie tant au niveau de la psychologie des personnages que de sa capacité à se renouveler sans cesse ainsi qu'à surprendre son lecteur. Si la violence et l'hémoglobine sont rarement présents avec Poirot, attendez-vous par exemple ici à rencontrer un cadavre totalement défiguré !
Extraits ...
" Il est des instants humiliants dans la vie des plus grands hommes. On prétend que nul n'est un héros aux yeux de son valet. À cela il est permis d'ajouter que peu d'hommes sont des héros à leurs propres yeux en présence de leur dentiste.
Hercule Poirot était maladivement conscient du fait. "