Cormac McCarthy : Un Enfant de Dieu

cormac mccarthyCormac McCarthy est un écrivain américain né en 1933 à Providence (Rhode Island). Après ses études, il rejoint en 1953 l'armée de l'air américaine pour quatre ans, dont deux passés en Alaska, où il anime une émission de radio. En 1957, il reprend ses études à l'université, se marie avec la première de ses deux femmes en 1961 et a un fils. Il quitte l'université sans aller jusqu'au diplôme, et s'installe avec sa famille à Chicago, où il écrit son premier roman. Aujourd’hui Cormac McCarthy vit au nord de Santa Fe (Nouveau-Mexique) dans une relative discrétion et accorde très rarement des interviews. Inspiré d’un fait divers, le troisième roman de l’écrivain, Un Enfant de Dieu (1973) a été traduit chez nous en 1992.

Années 60, dans la cambrousse du Tennessee. Le père de Lester Ballard est mort, la baraque familiale vendue à l’encan, Lester est à la rue et sa descente aux enfers s’enclenche inexorablement.

Le roman est très court et le ton adopté par Cormac McCarthy pourrait l’assimiler à un très long article pour la presse écrite. Les faits sont cités et décrits méthodiquement, voire froidement mais jamais l’écrivain ne commente ou ne juge ni même ne tente d’influencer notre propre jugement. Pourtant il y a matière à vomir ou faire se dresser les cheveux sur la tête !

Pour Lester ça débute par une voiture arrêtée dans un chemin désertique, à l’intérieur, un jeune couple mort, l’homme entre les cuisses de la fille. Folie subite, pulsion incontrôlée ? Lester tripote la fille et ramène le cadavre dans la cabane pourrie où il vit désormais. Nécrophilie, acte 1. Son petit paradis était trop bien pour lui, la baraque prend feu, il se refugie dans une grotte. Ayant trouvé sa voie ( !?) Lester tue la gamine d’un voisin et ramène son cadavre dans ses quartiers pour s’y livrer à son plaisir malsain, complété par un autre vice, se vêtir des vêtements de ses victimes…

Ce n’est ni un polar ni un thriller, je ne vous gâcherai pas la fin si je vous en révèle brièvement l’épilogue. Lester est arrêté mais les cadavres ne sont pas retrouvés, sans preuves formelles, il est incarcéré dans un asile et c’est la maladie qui le condamnera. Les corps ne seront découverts que plusieurs années plus tard et par hasard, sept corps en putréfaction dans une grotte souterraine.

Un roman bien raide et beaucoup ne voudront pas s’y risquer mais la froideur de l’écriture, aucune tentative d’analyse psychologique, nous évite le pathos pleurnichard ou l’angoisse glacée qu’un autre style littéraire pouvait engendrer. Oui c’est atroce factuellement parlant mais ça se lit facilement quand même.

McCarthy nous incite à réfléchir sur les notions de Bien et de Mal et sur les tours surprenants que peut prendre la sexualité pour le meilleur comme pour le pire. Un petit roman, un grand livre.