Vivre vite

Vivre vite

" Vivre vite "

GIRAUD Brigitte

(Flammarion)

Indéniable chef d'œuvre. Les Goncourtisans et les Goncourtisanes l'ont décrété l'automne dernier. Le vieux Lecteur n'a donc d'autre alternative que de souscrire à leur choix et d'affirmer à son tour que Brigitte Giraud a produit avec Vivre vite un chef d'œuvre qui fera date dans l'histoire de la Littérature de langue française.

Ceci précisé, il est de bon ton de rappeler que ce récit concocté par une Auteure qui ne lui avait laissé qu'un souvenir mitigé lors de sa découverte d'un précédent roman ( Un loup pour l'homme) révèle dans Vivre vite cette formidable capacité à dévoiler sur la place publique les tenants et les aboutissants d'un drame personnel : le décès accidentel, voilà près d'un quart de siècle, de Claude, son compagnon. Le bolide que le jeune homme ne parvint pas à maîtriser. Un bolide d'origine japonaise, mais interdit de vente au pays de ses concepteurs. Un bolide qui n'était pas le sien. Dont il fit cependant usage, parce que ledit engin l'attendait dans la remise de la demeure dont Brigitte et Claude venaient de faire l'acquisition.

Le vieux Lecteur fait fi ici des détails. Il a compati aux douleurs de Brigitte. Il a compris ce que fut l'incrédulité de la jeune femme lorsque la nouvelle de l'accident lui fut communiquée. Il a entendu les interrogations assorties des nombreux phénomènes d'auto-culpabilisation. Si ceci... Si cela... Si... Le récit fut écrit. Sans doute nécessaire à celle qui l'écrivit. Sans doute... Mais... Mais quoi au juste ? Le sentiment diffus de n'avoir pas à partager avec l'Auteure ce qui relève de son intime à elle ? Qu'il est des récits qui vieilliront mieux au profond d'un tiroir que multipliés à des centaines de milliers d'exemplaires sur les places publiques ? Affaire de pudeur ? Et quoi d'autre ? La littérature, oui, la littérature... Elle en a vu (lu) d'autres...