Auteur : Magali Lefebvre
Éditions : Noir d'absinthe
Collection : Fleur d'absinthe Parution le : 01 mars 2023
560 pages Thème : Fantasy / réécriture de conte
disponible sur le site de l'auteur
et sur Amazon
" Miroir, miroir... connaissez-vous son histoire ?
Bien avant qu'elle soit reine ou sorcière, Violaine, guerrière décelant les destins, était loin de se douter que le pouvoir coulant dans ses veines lui vaudrait tant d'attentions. D'abord de la part de cruels étrangers, prêts à l'arracher à sa famille et à sa patrie pour s'approprier ses pouvoirs... Puis d'un royaume menacé et de sa reine, dont elle deviendrait le dernier espoir... Et enfin de cet homme, l'ennemi honorable dont elle ne pouvait deviner le futur et qui, pourtant, faisait battre son coeur avec tant de force...
Miroir, miroir... préparez-vous à entendre l'histoire de Violaine, la Reine-Sorcière ! "
Un grand merci à la maison d'éditions Noir d'absinthe pour l'envoi de ce titre. Il est vrai que derrière chaque femme adulte se cache un enfant, une adolescence, une femme ou un homme en devenir. Chaque acte, chaque geste accompli par lui-même ou un autre a des répercussions. Personne ne nait méchant, la méchanceté n'est pas dans la nature comme une pomme accrochée à sa branche d'arbre fruitier. La fameuse méchante sorcière des contes est toujours vu, décrite de manière horrible de manière à faire peur, afin de montrer aux enfants que les étrangers sont mauvais par nature. Celle de Blanche-neige n'y a pas échappé. À maintes reprises, cette femme a été décrite dans les contes pour enfant de manière terriblement machiavélique, dans les films ce n'était pas forcément mieux. Mais qui s'est réellement soucié de qui elle était derrière ce masque de froideur ? Qui s'est demandé comment elle en est arrivé à ce point si froide ? Et pourquoi est-elle vu de cette manière ? Les mauvaises langues ou langues de serpents s'amusent, tout comme les fameuses grenouilles de bénitiers, les ragots vont bon train, colporter de fausses informations est si facile pour réduire à néant une réputation. Mais qu'à cela ne tienne, Violaine n'a pas dis son dernier mot et il ne sera pas forcément celui que l'on pourrait croire. Du départ, elle est dans un cachot et raconte son histoire, commencée il y a de cela bien longtemps...
La couverture rappelle certains passages du livre, qui bien entendu reprend le conte original d'une certaine manière, dans les grandes lignes à un moment donné. Mais pour le moment, il s'agit de suivre l'évolution d'une femme qui aime les combats, qui vit dans un monde où la magie est mal vu, mais pas de prendre les armes en tant que femme. Violaine a un on, celui de sa mère, de sa grand-mère, plus puissant que les deux réunis et elle doit le cacher pour ne pas finir sur le bucher. Le monde dans lequel elle vit n'apprécie pas tout ce qui se rapproche de la magie, pourtant dans d'autres contrées c'est l'inverse. Qu'importe ce royaume est souvent en guerre et Violaine a réussi à devenir une guerrière. Sa famille est ce qui lui importe le plus, au même niveau que son don de clairvoyance. Pour autant elle a la langue acérée et préfère porter des pantalons que de belles robes. Elle arrive malgré tout à se contenir un minimum devant le roi, son père étant un puissant général de guerre. Le destin des autres est son malheur, sauf ceux de sa propre famille et ceux qui sont liés à elle. Alors, elle préfère se taire parfois afin de ne pas mettre plus d'idées dans la tête de certains, tel son amant du soir. Un jour débarque des gens différents, des personnages qui viennent plus loin que les cartes peuvent montrer. Si la méfiance et l'intuition de Violaine lui dise qu'elle doit se méfier, elle va l'apprendre à ses dépends. Le résumé l'indique, arrachée à sa famille, elle se retrouve dans une aventure où une jeune femme de 22 ans va devoir tout réapprendre, connaitre son environnement et vivre d'une autre manière, jusqu'à ce que ceux qui lui tendent la main récoltent le destin funeste qu'elle a vu. Et ce n'est que le début de sa vie.
Violaine est un personnage fort qui va devoir se battre aussi bien sur les champs de bataille que pour protéger sa vie et celles des autres. Propulsé dans un monde inconnu où les sorcières sont mal vues, mais où les mages sont grandement appréciés (cherchez l'erreur, car les sorcières ne sont pas contrôlées par les royaume ?) Violaine va devoir se libérer de nombreux jougs. Cette femme ne se laisse pas conter fleurette et à un code d'honneur. Les armes sont ses amis et son Don, elle ne l'utilise que si elle est vraiment en danger immédiat, autrement elle use des mêmes armes que les ennemis. Obligée de se cacher, elle va comprendre que parfois c'est un bien pour un mal. Un bien de ne pas montrer ses capacités afin d'éviter de se faire malmenée une fois de plus. Son corps n'a pas que des cicatrices de combat, sa vie a souvent eu de mauvaises rencontres. Physiquement, elle est forte, mentalement aussi, mais pour que la peur arrive à lui faire tourner les talons à un moment donné de sa vie, nous le comprenons aisément en ayant eu entre nos mains ses sévices. Rien de décrits, juste les grandes lignes et cela suffit aisément pour comprendre qu'elle a un recoin en elle qui sera toujours pris dans la terreur. Un monde d'hommes où la femme doit servi, ne peut pas régner sans un roi à ses côtés, ne peut pas guerroyer sans avoir des hommes autour. Un monde d'hommes où la femme doit baisser le regard devant les plus puissants sous peine de se retrouver en fâcheuse posture. Un monde d'hommes où la femme de caractère doit se taire et apprendre à se mordre la langue afin d'éviter de se retrouver dans un cachot.
J'ai adoré suivre son évolution, qu'elle ne se rabaisse pas, qu'elle tente de jouer les ingénues ? Jamais, qu'elle reste elle-même surtout et évolue autant physiquement que mentalement, sans parler de son Don. Seul regret de ne pas avoir de nouvelles de sa famille, mais cela est un point intéressant dans la tête de Violaine qui ne les oublie jamais. Sa vie n'a que peu de temps morts, de moments de calme. Impossible d'imaginer une vie uniquement de souffrances ou de bonheur pour cette femme qui va devenir quelqu'un par la force des événements. Les différentes rencontres qu'elle fera vont la forger un peu plus. Le livre est découpé en plusieurs grandes parties et nous avons déjà un début de promesses : celles de grandes rencontres qui vont la faire évoluer dans un sens ou dans l'autre. L'amour, l'amitié, la confiance, la famille, la déception, les trahisons, les choix à faire, le besoin de ressentir d'être femme, le besoin de tenir son propre destin entre ses mains, travailler au point de devenir quelqu'un d'autre pour éviter de souffrir, faire du mal aux autres par peur de les perdre, peur de s'attacher... Le livre regorge de thèmes qui touchent forcément un peu (beaucoup) le lecteur qui tient ce récit entre les mains. Le sombre se mêle aux lueurs d'espoirs. L'auteur arrive à ne pas nous plomber le moral, à parfois prendre en pitié certains personnages, à mieux les comprendre aussi. Le parcours de Violaine est pavé d'embûches et si son cœur est capable d'aimer, il est capable aussi de se faire du mal. Nous avons les grandes lignes du conte original avec tout ce qui aurait pu réellement arriver à Violaine.
En plus de ce personnage central, nous avons également bien d'autres qui font leur apparition. Entre Paxt et Kyre, Vivien et Anicet, Rosalia, Ciaran et Adhamhan, Flavie, Celadon, Carmin et Blanche et bien d'autres encore. J'ai une préférence pour Ciaran, Paxt et d'autres encore. De nombreuses raisons, les méchants le sont réellement et surtout ils n'hésitent pas à détruire l'espèce humaine pour en créer de nouveaux. Pour l'aide ou l'amour qu'ils apportent à Violaine. Pour le fait d'avoir failli me faire pleurer à un instant précis du récit (j'en ai encore une gorge nouée de tristesse). L'auteur a recherché à garder les grandes lignes d'un conte connu, pour se l'approprier et donner une nouvellle version de notre méchante reine. S'il fallait avoir fait une mauvaise action dans sa vie pour en devenir une, nous le sommes tous. Chercher à comprendre ce qui s'est passé pour qu'elle arrive sur ce trône est obtienne cette réputation est instructif. L'auteur nous montre ce que les rumeurs peuvent faire, le manque de confiance, de communication aussi. Les préjugés ont la dent dure, les rumeurs vont bien plus vite que les bonnes actions. Les femmes au pouvoir ? Non, toutes ne le peuvent pas et nous le savons, choisir notre destin oui, monter au créneau si c'est possible, mais devenir un objet ? Surement pas. Nous avons de quoi imaginer les contrées également de ces royaumes, la façon dont les personnages de chaque ville vivent, voient leur monde et garde en mémoire leur passé. Si dans certaines contrées les petites fleurs sont ouvertes, dans d'autres des monstres s'amusent à manger tout ce qu'ils trouvent et cela n'est pas forcément des cadavres d'animaux.
Le récit est sombre certes, mais pas tant que cela dans le sens où l'auteur arrive à nous faire ressortir la beauté de certains gestes et le début d'un amour qui dure toujours, même par-delà la mort. Le texte est riche en émotions, en descriptions, j'ai été complètement happée dans le récit sans m'en rendre compte et il a pourtant un sacré nombre de pages. Il y en aurait eu plus, j'aurais continué avec grand plaisir. La fin m'a plu, une sortie digne des personnages. J'ai adoré l'histoire du miroir et de ce à quoi il sert réellement, de la façon dont les liens se forment, le double-jeu, le chasseur, le conte de Blanche-neige qui arrive à un moment donné. Sombre, mais n'est-ce pas le parcours de ces hommes et femmes de pouvoir ? Les épreuves renforcent le mental et si parfois le deuil prend forme de différentes manières, il nous faut le surmonter. C'est douloureux et peu évident de remonter la pente après autant d'obstacles qu'elle a dû parcourir, pour autant, elle arrive à rester debout, par amour pour sa famille, son royaume, son roi, celui qu'elle a choisi. La fuite n'est pas possible tant que son coeur est mis dans la balance. Les combats sont multiples, certains sont sanglants, rapides. Chacun d'entre eux se matérialise sous mes yeux, j'avais envie de prendre le bouclier pour sauver tel ou tel personnage, apprendre la magie pour soigner ou plus encore. Car la sorcellerie prend le pas par endroit et lorsque la douleur est trop forte, s'abrutir est la première chose que l'on fait pour ne plus voir ce qui se passe autour de nous : pour ne plus souffrir, pour oublier, pour imaginer que le pire n'était qu'un cauchemar.
En conclusion, un "conte revisité" ou plutôt une vision de la méchante sorcière-reine du conte de Blanche-neige remis au gout du jour. Des thèmes forts sur la place de la femme, ses combats, la famillle, l'amour, l'amitié, les trahisons, le deuil et tout ce qui va avec. La méchanceté n'est pas innée, c'est un comportement qui ne vient pas naturellement. Est-ce que Violaine éétait vouée à devenir la méchante, ou est-ce qu'au contraire ce n'est qu'une rumeur ? Pour le deviner, il faudra lire ce récit et vous faire votre propre avis. Encore merci pour cette découverte !
" Ma route, elle, se poursuit. Elle se perd dans la nuit, elle me cache encore des tournants, les obstacles ou les merveilles qu'elle me réserve. J'ai confiance. Car je sais que je ne la parcourrai pas seule. Je sais que c'est mon avenir. Et que tant que j'aurai du temps devant moi, tant que ce chemin de vie ne s'étendra sous mes pieds, je pourrai écrire mon histoire.
Je me rappelle cette jeune femme de vingt et un ans à Vielacier, dans un autre monde, une autre vie. Cette jeune femme qui devait contenir sa nature, qui se mordait les joues pendant que des étrangers apportaient, à sa place, la solution aux guerres qui menaçaient son pays..."