En découvrant l'édition en audio de deux titres de Colette, je n'ai pas hésité une seconde. J'avais envie de relire sa plume, de replonger dans son monde. Mon choix s'est donc d'abord porté sur Les vrilles de la vigne.
Il ne s'agit cependant pas d'un roman, mais d'un recueil de textes brefs, d'où une légère déconvenue. On retrouve néanmoins toute la finesse de l'artiste, ainsi que ses thèmes obsessionnels - dialogues de bêtes, évocations de la nature, méditations sur l'amour et le temps qui passe. Tout un patchwork de tendresse, de drôlerie et de poésie.
L'autre particularité de cet ouvrage s'explique dans les circonstances de son écriture. Lorsque Colette le publie en 1908, elle se sépare de son mari et tombe amoureuse de Missy. Elle s'affiche alors comme une femme libre et fière de s'émanciper. Enfin en communion avec elle-même.
" Je ne connais plus le somme heureux, mais je ne crains plus les vrilles de la vigne ", dit-elle.
C'est une lecture qui s'inscrit après la série des Claudine. Dans un style différent, et pourtant proche. On retrouve sa propension gourmande à saisir l'instant, à éveiller les sens et à sublimer l'ordinaire. Les détails du quotidien, la richesse d'un jardin, l'ode à la nature, la contemplation d'un rien, les animaux qui l'entourent, le feulement d'un chat ou le jappement du chien s'exercent comme un opéra. On a aussi les odeurs. Les sons. Les sensations. Tout est exacerbé.
C'est une sensation assez rare mais précieuse. Par contre, c'est fugace. La lecture est courte, trois heures et des poussières, l'interprétation d'Elsa Lepoivre est certes appliquée et résonne de façon élégante. Mais peut-être faut-il prendre son temps pour apprécier ce texte pleinement. Peut-être faut-il picorer petits bouts par petits bouts. Je pense que j'y reviendrai, mon tête-à-tête n'ayant eu la sérénité espérée. J'y reviendrai, oui.
Après tout, moi aussi... " J'appartiens à un pays que j'ai quitté. "
©2004 Librairie Arthème Fayard et Hachette Littératures (P)2023 Audiolib- Lu par : Elsa Lepoivre
- Durée : 3 h 34
- Avec virtuosité, Elsa Lepoivre donne couleur à chacun de ces textes, faisant revivre l'intimité d'une grande écrivaine, dont la modernité ne se dément pas.
- " Une brise acide et pressée jetait sur le soleil une fumée de nuages rapides. "