Zhaodi - Morgane Stankiewiez et Sarah Buschmann

Par Leslivresdenancy

Deux âmes perdues, un père et sa fille, se retrouvent après des années d'absence pour un décès. Celui de la Mère. Celui qui rouvre les plaies d'un passé que tous deux auraient préféré oublier...

Un thriller asiatique sombre et cruel, sur fond de secte, livré par deux autrices amoureuses des ténèbres...


Je remercie tout d'abord les éditions Noir d'absinthe pour ce service-presse.
Nous suivons Zhaodi dont le prénom veut dire "apporte nous un petit frère" qui a été victime de la loi de l'enfant unique. Quand elle est naît, elle a été rejetée et abandonnée par sa famille qui voulait un garçon. Cependant, son père Cheng, pris de remords n'a pas pu la laisser à son sort et l'a récupérée, même si ça signifiait déshonorer sa famille.
En 2015, Zhaodi apprend la mort de sa mère qui s'est suicidée avec laquelle elle n'avait plus aucun lien. De ce fait, elle retrouve son père qu'elle n'avait plus vu depuis qu'ils ont fui la secte pour trier les affaires de sa mère. Alors qu'ils trient les affaires de la défunte, ils vont faire une découverte qui va rouvrir des plaies d'un passé qu'ils auraient préféré oublier.

Cheng prit l'enfant dans ses bras. Son visage rond, boursoufflé par les piqûres, était maculé de sang et d'humeurs. Un œil lui manquait.

A la place s'exhibait une orbite vide, qui le fixait et le jugeait. La peau autour était constellée de plaies fines et profondes. L'homme s'effondra dans la boue, le nourrisson serré contre son cœur, la pluie lavant ses larmes. Après ce qui lui parut une éternité, il se releva. Il reprit le panier et s'éloigna du marché, sa fille avec lui. Il ne pouvait pas la laisser aux corbeaux. Il était lâche, il le savait. Il pouvait déjà voir le sentiment de trahison s'afficher sur le visage de sa femme. Son mépris. La déception sur ceux de ses parents. Le hochement de tête résigné de son père. Cheng.

Son prénom signifiait "réussite". Ils l'avaient appelé ainsi car ils espéraient tant de lui. Une fois encore, il avait échouer. Le bébé défiguré qui hurlait entre ses bras en constituait la preuve vivante.


J'ai adoré ma lecture.
"Zhaodi" est un thriller hyper sombre, glaçant et glauque à l'atmosphère malaisante.


Dès les premières lignes, j'ai été happé par l'histoire qui est très immersive. Les premières pages nous plongent directement dans l'ambiance avec le prologue hyper sombre et nous ne sommes pas au bout de nos peines !
Les horreurs s'enchaînent grâce aux révélations et aux Flash-back. A chaque fois, on pense que ça ne pourra pas être pire mais ça ne fait que monter crescendo jusqu'à la fin.
Au fil des pages, on apprend un peu plus sur la politique de la Chine et grâce aux Flash-back, on découvre l'histoire de la famille de Zhaodi : son abandon, de comment ils ont intégré une secte et leur vie au sein de cette secte.
C'est une lecture hyper addictive que j'ai dévorée à grande vitesse. Il y a beaucoup de rythme avec l'alternance passé/présent et l'alternance des points de vue de Zhaodi et de son père. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde pendant cette lecture.
Cependant, c'est un thriller à ne pas mettre entre toutes les mains, car attention aux âmes sensibles, ce roman parle de secte, de suicides, de manipulations, de violence, de viol sur mineur, de prostitution... Ce sont des thématiques hyper difficiles. Cette histoire est vraiment glaçante et bouleversante.

Agir. Reprendre le contrôle, le peu qu'il lui restait sur la vie. Réfléchir. Sa mère est morte. On l'a tuée et on a fait croire à un suicide. Or sa mère croyait au suicide. Pourquoi, la tuer, dans ce cas ? Pourquoi la tuer, dans ce cas ? Pourquoi faire semblant ? Est-ce qu'elle fréquentait toujours les autres membres de la secte, les quelques survivants ? C'est tout de même peu probable : ils avaient renoncé à la libération, ils avaient eu peur. Mère n'aurait eu que du mépris pour eux. Enfin, sauf lui... Au souvenir, ainsi évanescent qu'un souffle entre les branches malades de la mémoire, elle ne peut s'empêcher de frémir. Il ne peut être le compagnon. Ce n'étaient pas ses mots. Elle le sentirait. Elle le reconnaîtrait, entre mille.


J'ai beaucoup aimé suivre les personnages aux fils des pages et découvrir leur histoire. Ce ne sont pas des personnages hyper attachants, mais ils sont vraiment touchants. Ils sont travaillés et ils beaucoup de profondeur. Les épreuves de la vie les ont beaucoup marqués. Le père de Zhaodi s'est complètement laissé aller, devenant une épave alcoolique baignant dans la crasse. Tandis que Zhaodi s'est forgé une carapace et elle est devenu une adulte froide et cynique.
C'est le premier roman de Morgane Stankiewiez et Sarah Buschmann que je lis et j'ai adoré leurs plumes. La narration est assez froide et cela colle parfaitement à l'histoire et à la froideur de Zhaodi. Les chapitres sont assez courts et c'est très rythmé. C'est un roman très noir et les autrices ont réussi à maîtriser à la perfection leur intrigue sans jamais tomber dans le voyeurisme malsain ni dans la facilité.
En bref, un thriller sombre, glaçant et glauque avec une atmosphère malaisante. Une lecture immersive qui m'a bouleversée que je recommande fortement à tous ceux aimant les thrillers et les histoires très sombres. Attention, aux âmes sensibles, des thématiques hyper difficiles sont abordées dans ce roman.