Je remercie les Editions Relatives pour l'envoi de ce nouveau titre.
Marianne Peyronnet
Biographie de l'auteure
Marianne Peyronnet a deux passions : le rock et la littérature, noire de préférence. Elle les alimente en étant bibliothécaire le jour et en collaborant à New Noise la nuit. Pour ce magazine consacré aux musiques actuelles, elle rédige des chroniques de livres et interviewe des écrivains, tel John King ou Caryl Férey. Un recueil de ces entretiens est sorti chez On verra bien. Après un premier roman, Vergne Kevin aux éditions Fleur Sauvage, sa traduction de l’autobiographie de Bob Mould (See A Little Light) est parue chez Camion Blanc, et celle du livre consacré à Therapy? (Tout ça pour 30 ans de Therapy?) chez Kicking Books.Présentation de l'éditeur
« Nous sommes l’utopie. Chacun une cellule du corps parfait de la Matrie. Chacun utile à son bon fonctionnement, indispensable par notre nombre et notre dévouement. Chacun à notre place, œuvrons à l’équilibre. Nous sommes l’écologie. Nous sommes la nature. Nous n’abusons pas de ses richesses. Nous sommes la sobriété. Notre vie ne compte que comme partie du tout. Nous en faisons don à l’ensemble, de notre premier cri à notre dernier soupir. »
Le jeune soldat au service de la Matrie répondant au nom d’Alb 3, troisième fils d’Alba Irina Viga Luane, est très fier de se voir affecté au Mur en tant que sentinelle. Il défendra le territoire des Matrides contre les assauts des Bêtes.
Mais, au cours de ce roman qui pose la question de notre humanité dans une société repliée sur elle-même, une rencontre va venir bouleverser ses certitudes, et Alb verra sa loyauté envers la Matrie s’effondrer, lorsque l’utopie se transformera en une inquiétante dystopie.
Un livre court et intense qui ne laissera personne insensible au destin du jeune Alb 3, soldat tout juste promu en route pour sa nouvelle mission. Marianne Peyronnet construit son nouveau roman dans un univers post apocalyptique. D'habitude, dans ce genre de roman, l'auteur explore les conséquences d'une catastrophe sur la société et l'environnement, souvent en décrivant un monde où les structures sociales et politiques ont été détruites, où les ressources sont rares et où les personnages luttent pour leur survie. Ce n'est pas tout à fait le cas ici puisque la population est régie par la Matrie qui s'occupe de répondre entièrement à leur besoin. Un univers qui n'est pas sans rappeler le mode social des fourmis mais sans reine. Chacun fait partit d'un tout, l'individu est gommé au profit du collectif qui travaille ensemble pour accomplir les tâches nécessaires à la survie de la colonie. Tous sont prêts à se sacrifier pour le bien de la communauté. C'est dans cet état d'esprit qu'Alb 3 rejoint son unité au Mur. Il doit participer à la défense du Mur contre les hordes des Bêtes. Mais tout ne se passera pas comme prévu et c'est tout l'intérêt du roman. Ce qui devait être sa plus grande fierté s’effondre et Alb 3 perdra ses illusions au profit d'une renaissance qui ne se fera pas sans douleur. C'est toute la question de l'humanité qui se pose, des choix que nous sommes amené à faire pour la survie. Une lecture passionnante sur la résilience, sur le courage et l'abnégation. Un style fluide et un récit écrit à la première personne donne le point de vue du narrateur et apporte au lecteur une implication émotionnelle mais aussi une certaine subjectivité. Le lecteur ne peut connaître que ce que le narrateur connaît, pendant tout le récit on reste focalisé sur le personnage principal et c'est tout bonnement passionnant. Un coup de cœur pour la réussite de ce délicat équilibre qui s'exerce entre la vie en mode Matrie, le possible chaos et une forme de rédemption. Une fin ouverte qui mériterai une suite car je me suis terriblement attachée à Alb 3. Bonne lecture.
Citations :Nous avons seize ans, à peine. Notre formation est terminée. Nous sommes en âge de rendre à notre peuple tout ce qu'il nous a donné.
Nous sommes en âge de mourir.
Car nous avons été élus pour faire dons de nos corps, s'il le faut. Au service de la Matrie.
Les Bêtes sont en réalité bien plus semblables aux hommes. Redoutables pour autant. J'aurai sans tarder l'occasion d'en voir en vrai. Ma proche confrontation avec de véritables Bêtes tuera les fantasmes que je m'en fais. Je l'espère, en tout cas.