On débute Marée blanche (au titre impeccable) avec l'équipage des quatre pêcheurs du Fargo qui au retour d'une campagne, découvre de drôles de poissons dans ses filets : 40 kilogrammes de coke. Après moult réflexion,
Marée blanche est une réussite complète, à la fois avec un graphisme singulier, humaniste et réaliste de gueules de l'ordinaire, happées par un quotidien pas facile : gagner sa vie avec des pêches qui ne sont pas toujours fructueuses, subir vents et marées, sel et soleil, et puis fêter lere tour sur la terre ferme avec les copains au bistro du port. Alors quand s'annonce la prise du siècle, les esprits s'échauffent et échafaudent plan sur la comète et paradis sur Terre, avant de retomber. Parce que même si certains renoncent, d'autres prennent le relais et ne lâchent rien.
Gael Sejourné a construit une histoire hyper solide. On peut lui reprocher le cumul de mauvaises nouvelles, le cumul et le trop plein de mauvaises rencontres. Et pourtant l'actualité lui donne raison, quand on envahit l'univers de la pègre, en général l'équilibre d'un monde tranquille fait de bébé à venir ou de roucoulades plus ou moins légitimes devient très vite instable. Et c'est ce qu'exprime Marée blanche : une marée d'événements qui déferle et balaie tout sur son passage, la fragilité de la vie. On se dit que l'avalanche va s'arrêter, on attend l'étale et on a le droit à quelques secousses encore.
Gael Séjourné manie le verbe, dégonfle la tension avec son humour et les gouailles de ses héros, des dialogues populaires. Il relance l'intrigue avec des scènes multiples et instantanées. Le zapping est maîtrisé et élaboré de façon intelligente.
Marée blanche est un roman graphique réussi. Point barre !
Editions Delcourt
Lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée proposée par le site Babelio en partenariat avec les éditions Delcourt que je remercie pour l'envoi.