Un clown dans un champ de maïs – Adam Cesare

Par Lison Carpentier @loeilnoir1

La couverture et le titre de ce roman m'ont tapé dans l'oeil, j'y ai vu là une référence à Stephen King : un clown ensanglanté armé d'une hache, affichant un rictus démoniaque dans l'attente de sa prochaine victime... Oh, elle est juste derrière lui et elle coure dans le champ de maïs! Ahh !!! J'aurai du m'en douter, ce livre n'était pas pour moi : j'espérais retrouver un peu de l'univers de SK dans ce roman, or il n'en est rien, du point de vue littéraire, de la complexité de la profondeur de l'intrigue et des personnages. Je me suis rendue compte que la comparaison n'avait pas lieu d'être, toutefois je défendrai tout de même ce livre car dans sa catégorie, je l'ai trouvé efficace.

Cela démarre comme dans bien des livres d'horreur : le quotidien d'une petite ville où tout le monde se connait, qui dégénère brutalement. Nous sommes dans le Missouri, à Kettle Springs, une ancienne cité agricole, entourée de champs de maïs, où les traditions sont vivaces chez les anciens, un peu moins chez les jeunes, qui ne rêvent que de quitter ce coin paumé. Une fête qui célèbre les traditions locales a lieu : on aime se déguiser en clown, le clown Frendo, ancienne mascotte d'une usine locale, à l'abandon. Quelques heures plus tard, les jeunes de la ville se réunissent pour une soirée, à laquelle Quinn, une nouvelle arrivante est invitée.

Ma première impression à la lecture n'est pas bonne: le début m'a paru très long, il faut attendre de passer le premier tiers du livre pour que quelque chose se passe. Du vu et du revu : Quinn, une adolescente originaire de Philadelphie emménage après le décès de sa mère dans une petite ville au fin fond du Missouri. Vient le premier jour de classe dans son nouveau lycée, elle semble discrète mais volontaire, et se retrouve sans l'avoir réellement souhaité avec un groupe de jeunes, assez mal vus des professeurs et du shérif de la ville. Le style est fade et dénué d'intérêt, les personnages sont assez creux, dépeints surtout physiquement (j'ai donc retenu la chevelure rousse de Ginger et les muscles du type dont je ne me souviens déjà plus du nom...), leurs relations sont basiques, les considérations inintéressantes et se limitent à l'opposition des " bouseux " locaux face aux citadins... Passé ce premier tiers d'un récit laborieux, où l'on attend désespéremment l'action, celle-ci arrive enfin en un déferlement de violence, dans le style gore entre et Massacre à la tronçonneuse, grotesque, grand-guignolesque, et tout cela pour un motif assez extravagant, totalement surréaliste, mais assez inédit, je l'avoue!

Ma seconde impression (induite par l'auteur lui-même dans ses remerciements qui suggère aux lecteurs déçus de donner une seconde chance à ce livre), est que, à la réflexion, ce livre étiqueté horreur est tout de même efficace. Grâce au style très visuel et vif, qui colle partaitement au genre cinématographique, comme si l'on avait devant les yeux un film et non un livre (certes, un livre coûte un peu plus cher qu'un billet de cinéma, mais ça dure plus longtemps...). Quelques scènes m'ont fait frémir, d'autres lever les yeux au ciel, exactement comme devant un bon vieux Scream, ou autre slasher du même acabi. Le dénouement va au-delà de l'imaginable, ce qui après tout est normal pour une histoire d'horreur, et promet même une suite... Je suis certaine que ce livre plaira aux amateurs du genre, qui ne cherchent pas autre chose qu'une histoire à faire peur. Pour une vieille routarde comme moi, qui cherche un peu plus de contenu et de style, c'était un peu léger, mais bon, allez, je plaide plaisir coupable pour cette fois !

Merci aux Editions Sonatine via Netgalley pour leur confiance.