Figure incontournable de la mythologie grecque, Méduse a toujours exercé une aura surprenante sur quiconque croise son regard pétrifiant. La semaine dernière, j’ai eu l’occasion de me rendre au musée des Beaux-Arts de Caen afin d’en apprendre davantage sur cette créature à la chevelure grouillante de serpents.
Abusée par Poséidon. Transformée en gorgone par Athéna. Décapitée par Persée. Tels sont les fondements qui ont participé à construire cette image de monstre effrayant avec pour unique pouvoir de pétrifier du regard le commun des mortels. Cette exposition s’attache cependant à nous faire voyager au fil des siècles, de l’Antiquité à nos jours, et ce afin de nous faire découvrir la chronologie du mythe. Vases, poteries ou encore heurtoirs de porte, la figure de Méduse se montre omniprésente dès l’Antiquité gréco-romaine. À la fois hideuse et repoussante, sa représentation a finalement évolué pour devenir un véritable talisman destiné à protéger du malheur voire à repousser ses ennemis.
Au Moyen-Âge, nous retrouvons davantage Méduse sous la représentation allégorique des péchés capitaux. Persée et Athéna deviennent alors des symboles du Bien luttant contre le Mal. Il faudra attendre le XIXe siècle ainsi le courant des préraphaélites pour que Méduse se fasse séductrice, devenant tout à la fois une jeune femme mélancolique et une tentatrice méritant totalement le sort qui lui est réservé.
Ci-dessous : Minerve pacifique (Sandro Botticelli, vers 1491-1531) ; L’envie (Josse de Corte, XVIIe siècle) ; Méduse (Anthony Frederick Sandys, vers 1875) ; Medusa (Franz von Stuck, vers 1892).
La dernière partie de l’exposition est ensuite centrée sur les XXe et XXIe siècles. Alors que Giacometti réalise sa Tête de Méduse dans les années 1930 (ici une applique destinée à être fixée au mur), la photographie, le cinéma ou encore les nouvelles technologies s’emparent également du mythe. La Gorgone est aujourd’hui devenue une héroïne greffée à notre actualité (à l’instar du mouvement #MeToo mais aussi LGBT+). La surprise de cette exposition vient de l’artiste Luciano Garbati avec une sculpture en bronze (2023) où, pour la première fois, Méduse apparaît victorieuse brandissant la tête de Persée. La représentation de Méduse dans les arts poursuit donc son long cheminement. Quel sera son prochain visage ? Les paris sont lancés, et c’est plutôt passionnant !
Ci-dessous : Tête de Méduse (Alberto Giacometti, 1934) ; Méduse tenant la tête de Persée (Luciano Garbati, 2023).