" Un amour "
Un authentique roman, qui rend ses lettres de noblesse à la littérature. Une œuvre qui s'en vient d'Espagne, dont l'Auteure était jusqu'alors inconnue du vieux Lecteur (lequel vieux Lecteur persévère dans sa quête de nouvelles rencontres, et par conséquent de nouveaux coups de cœur). Une histoire d'apparence toute simple. L'exil volontaire d'une femme (Natalia) dans un minuscule village où elle cherche à reprendre souffle. Dans un environnement qui ne laisse guère de place aux fantaisies. Quelques voisins dont elle a vite fait le tour. Et à quelques kilomètres du village, une bourgade dont les quelques commerces proposent l'indispensable. Une vie à reconstruire. Des approches, de furtifs contacts, des dialogues qui s'amorcent. Un chien qui se refuse à l'obéissance. Mais aussi le propriétaire de la petite maison que loue Natalia, un bonhomme grossier, brutal, vulgaire, misogynie. Et puis l'Allemand, qui n'est pas teuton, mais que les gens du pays ont ainsi dénommé. L'Allemand et leur histoire d'amour, ou du moins de l'étrange amour que Natalia finira par porter à l'Allemand.
Simplicité et peut-être même banalité de la trame romanesque ? Le texte de Sara Mesa mérite beaucoup mieux qu'un regard furtif. Puisque c'est une véritable œuvre littéraire qui émerge du récit. Un récit tendu, incisif, pertinent, qui explore les tréfonds de l'âme de Natalia, qui met à nu les failles tout autant que les faiblesses de cette femme égarée dans un monde prêt à l'engloutir. Mais qui parvient dans ce contexte-là à forger les armes de sa survie.