Éditeur : Payot
Pages : 288 pages
Parution : 7 Mai 2014
Genre: Historique
Résumé :
Dans l’Angleterre du début des années 1920, la jeune Margaret rêve d’être institutrice, mais elle est issue d’un milieu modeste et doit entrer en condition. De fille de cuisine, elle devient rapidement cuisinière, un titre envié parmi les gens de maison. Confinée au sous-sol de l’aube à la nuit, elle n’en est pas moins au service de ceux qu’on appelle Eux, des patrons qui ne supporteraient pas de se voir remettre une lettre par un domestique autrement que sur un plateau d’argent. Elle saura leur tenir tête et rendra souvent son tablier pour améliorer ses conditions de travail, jusqu’à ce qu’elle trouve enfin, sinon le prince charmant, du moins le mari qui l’emmènera loin des cuisines des maîtres.
Grâce à son franc-parler aux antipodes des récits de domestiques anglais trop parfaits, ce témoignage paru en 1968 a valu la célébrité à Margaret Powell (1907-1984). Quarante plus tard, il a inspiré le scénariste de «Downton Abbey» alias Julian Fellowes.
Mon avis:
Ce roman autobiographique retrace la vie de Margaret Powell, de son enfance à Hove (près de Brighton) jusqu’à sa soixantaine. Son père était artiste peintre et sa mère faisait des ménages. En tant qu’ainée de la famille, elle s’occupait souvent de ses frères et sœurs. Même si sa famille avait peu d’argent, certains divertissements étaient possibles occasionnellement: jeux, cirque, cinéma… Une fois son brevet des collèges obtenu à 14 ans, elle aurait bien voulu continuer l’école.
Pour faute de moyens financiers, elle commença rapidement à faire des ménages et enchaina divers emplois. Avec l’aide de sa mère, elle entra finalement en condition et devient fille de cuisine dans une grande maison. Enchainant les places, elle a connue différents employeurs et monta en garde en tant que cuisinière.
Ce que j’ai aimé avec ce témoignage, c’est qu’il se lit aisément. On a l’impression que Margaret est là avec nous et qu’elle nous raconte directement son histoire. Et quelle aventure ! Les nombreux témoignages nous font prendre conscience des conditions de vie et des différences entre “Eux” (les gens d’en haut) et les gens d’en bas. Dans une même maison, la frontière est énorme. Elle nous raconte de nombreuses anecdotes saugrenues de tâches quotidiennes à réaliser, comme repasser des lacets… Ces collègues ne sont pas épargnés, et on ne peut que rigoler de commentaires en commentaires.
Le texte est très bien écrit et on s’imagine facilement l’environnement qui nous est décrit. La multitude de souvenirs qu’elle nous confie, font à la fois rire et peuvent être aussi révoltant. Je retiens par exemple cet aristocrate qui les faisait descendre en pleine nuit pour toucher leurs bigoudis, en échange d’une pièce…
Elle m’a regardée comme si j’étais quelque chose de pas tout à fait humain. Elle n’a pas prononcé un mot, elle est juste restée là, à me regarder. Elle avait visiblement du mal à croire que quelqu’un comme moi pouvait marcher et respirer. Je me suis dit : “qu’est-ce qu’il y a ? j’ai mon bonnet, mon tablier, mes bas noirs, mes chaussures…Je n’arrivais pas à trouver ce qui n’allait pas. Finalement elle a articulé :
“Langley, vous ne devez jamais, jamais vous m’entendez, sous aucun prétexte, me tendre quoique ce soit avec vos mains; toujours sur un plateau d’argent.
Mais il est vrai qu’une fois une grande partie du roman lu, la redondance s’installe. On rigole beaucoup moins, même si le récit reste intéressant.
En soit, une lecture très agréable avec de nombreuses notes d’humour et qui nous ouvre les portes de la domesticité anglaise au début du XXème siècle.
Les tribulations d’une cuisinière anglaise de Margaret Powell est un article de Les papiers de Mrs Turner.