Les ombres d’Adelaide Hills • Kate Morton

ombres d’Adelaide Hills Kate Morton Les ombres d’Adelaide Hills • Kate Morton

Éditions Charleston, 2023 (703 pages)

Ma note : 15/20

Quatrième de couverture ...

Adelaide Hills, 1959.
Une après-midi de grande chaleur, un homme fait une terrible découverte au mystérieux domaine des Turner. Une enquête policière est ouverte, et la petite ville de Tumbeela est impliquée dans l'une des affaires de meurtre les plus choquantes de l'histoire de l'Australie du Sud.
Soixante ans plus tard, Jess, journaliste à Londres, est à la recherche d'un sujet. Quand elle reçoit un appel de Sydney pour l'informer que sa grand-mère est à l'hôpital à la suite d'une chute, la jeune femme décide de rentrer en Australie auprès de celle qui l'a élevée.
Pour la première fois livrée à elle-même dans la maison de son enfance, Jess s'aventure dans des pièces qui lui étaient interdites et découvre le secret qui unit la tragédie des Turner et sa propre famille.

La première phrase

" Adelaide Hills, Australie-Méridionale, 1er janvier 1959
Et bien sûr, ils allaient donner un déjeuner pour fêter le Nouvel An. Pas grand chose, rien que la famille, mais Thomas exigerait tout le décorum. "

Mon avis ...

Australie-Méridionale, décembre 1959. Lors d'une journée étouffante de chaleur, Percy Summers, qui tient avec son épouse l'épicerie du village de Tambilla, fait une macabre découverte. Abritée sous un saule, près du lac qui longe leur domaine, la famille Turner se tient presque au grand complet. Isabel Turner et ses enfants (Matilda, John et Evie) semblent paisiblement endormis. Pour toujours. Que s'est-il réellement passé ? D'autant que la petite dernière, Théa, qui était alors dans son berceau semble avoir disparu... Des années plus tard, Nora, qui a vécu le drame, se refuse encore à l'évoquer face à sa fille (Polly) et à sa petite-fille (Jess). Mais est-elle toujours autant accablée par le chagrin ou cache-t-elle plutôt les sombres secrets de toute une famille ?

Après avoir beaucoup aimé Les brumes de Riverton ainsi que L'enfant du lac, il me tardait de retrouver la plume de Kate Morton. J'avais été un brin moins emballée par La prisonnière du temps (qui restait malgré tout une bonne lecture). L'autrice a ce don de nous faire voyager dans le temps, tout en réunissant différentes temporalités. Manoirs immenses, drames familiaux ou encore secrets inavouables se retrouvent toujours dans ses romans. Et il faut croire que la recette fonctionne toujours autant ! J'ai à nouveau passé un bon moment en compagnie de cette intrigue, bien qu'elle ne fasse pas partie de mes favorites. Quelques longueurs et répétitions font que je suis passée à côté d'un possible coup de cœur.

Nous nous envolons ici pour l' Australie. Les descriptions des paysages, la beauté d'une nature omniprésente mais également ses dangers liés à une atmosphère parfois suffocante sont dépaysants à souhait. L'intrigue policière est quant à elle captivante. Des corps retrouvés sans vie. Un berceau vide. Un mari souvent absent. Une épouse délaissée et quelque peu déprimée. L'enquête démarrée dans les années 50 piétine, pour finalement aboutir à des conclusions hâtives. L'arrivée de Jess sur les terres de son enfance risque bien de remuer le passé.

La narration alterne entre l'année 1959 et l'époque actuelle (2018). Les écrits d'un journaliste, Daniel Miller, servent de fil rouge et l'on s'attache à suivre Jess dans sa quête de vérité. Notre héroïne sent bien que Nora, sa grand-mère, lui cache des choses alors même qu'elles ont pu construire une relation solide. Des souvenirs d'enfance, des questionnements restés sans réponse remontent peu à peu à la surface : ce que Jess s'apprête à découvrir dépasse tout ce qu'elle aurait pu imaginer et risque de rebattre les cartes.

Peu à peu, les pièces du puzzle s'assemblent. Auparavant, Kate Morton nous mène de fausse piste en fausse piste et j'ai tout simplement adoré me sentir menée en bateau. J'ai surtout été touchée par le personnage d'Isabel dont nous ressentons l'extrême solitude, tout comme j'ai beaucoup aimé découvrir le lien unissant la famille Turner évoluant dans les fifties et les personnages dessinés dans notre époque actuelle. Le final est captivant ; les pages auront tourné à une vitesse folle.

J'ai par contre été moins sensible au lien unissant Jess et Polly, et j'ai largement préféré les chapitres consacrés au quotidien des habitants de Tambilla à la fin des années 50. Malgré une intrigue qui aurait mérité d'être allégée en termes de nombre de pages, Les ombres d'Adelaide Hills fut plutôt une bonne lecture. J'ai aimé mener l'enquête aux côtés de Jess, tout comme j'ai adoré voyager en Australie, terre de sécheresse, au milieu des cacatoès et légendes aborigènes.

Extraits ...

" Ce groupe assemblé sous le saule avait un caractère intime, vulnérable : toute une famille plongée dans le sommeil, les restes de leur déjeuner encore épars autour d'eux : assiettes et gobelets, croûtes de sandwich et miettes de gâteau.
C'est alors qu'il fut frappé par l'immobilité de la scène. Cela ne semblait pas tout à fait naturel. "