Lina Nordquist – Celui qui a vu la forêt grandir ***

Par Laure F. @LFolavril

Buchet-Chastel – mars 2023 – 448 pages

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Celui qui a vu la forêt grandir est un roman choral où deux voix de femmes s’élèvent, à deux époques différentes ; Kåra et Unni.

1973. Kåra est veuve ; sa belle-mère vient à son tour de perdre son mari, Roar. Deux veuves sous un même toit, entourées de forêts et avec un secret abrité dans le cœur par l’une d’entre elles. Kåra et sa fragilité mentale, ses angoisses sauvées par son Berger du Caucase. Peu à peu, elle raconte comment elle est arrivée dans la famille, dans cette maison cernée de forêts. Kåra qui perd lentement pied à cause de l’enfermement. Qui s’est mariée pour échapper à l’asile.

1897. Unni est recherchée et traquée pour avoir pratiqué des avortements. Elle a dû fuir la Norvège avec son bébé et Armod, l’homme qu’elle a rencontré, qui prend soin d’elle. Après la traversée des montagnes, des plaines et des forêts, la famille arrive en Suède, dans la province du Hälsingland. Ils s’installent dans une ferme délabrée et abandonnée, au cœur de la forêt. Les famines, la pauvreté, l’âpreté du travail de la terre. La nature, sa sauvagerie. Le récit lentement déroule la chronique des jours qui passent. La survie, puis la vie. Le quotidien.

Celui qui a vu grandir la forêt… Mais c’est surtout Celle qui a survécu malgré les épreuves. Unni et sa force de caractère pour sauver les siens. Survivre et assurer la survie de sa famille face à la nature. Faire face à l’ours comme à l’homme.

Le roman de Lina Nordquist prend aux tripes. En le lisant j’ai ressenti une infinie tristesse – l’âpreté de l’existence de ces deux femmes, à deux époques différentes, pour des raisons différentes. C’est un roman dans lequel on s’enfonce comme dans une forêt, où il fait de plus en plus sombre. Quelle noirceur. On suffoque peu à peu, on a le coeur lourd. Et le secret qui se dessine et se révèle n’est pas celui que l’on attendait.