L' arc-en-cieliste : entre fable et récit initiatique (chez dargaud)

Par Universcomics @Josemaniette

 L'epoque, la seconde moitié du 17e siècle. Le protagoniste, un jeune lord anglais, Hayden Springworth. Âgé de 16 ans, le gamin a une passion, observer les arcs-en-ciel et tenter d'en découvrir l'origine, l'endroit où les rayons de lumière se réunissent à la terre et où apparaitrait également un chaudron rempli de pièces d'or. Au départ, il était effrayé par le phénomène météorologique puisque sa gouvernante lui avait raconté, selon une autre légende antique, que derrière chaque arc-en-ciel se cache surtout une créature effrayante appelée Leprechaun. Mais ça, c'était avant. Dorénavant, Hayden court la campagne jusqu'au jour où il rencontre fortuitement un certain Isaac Newton, savant qui normalement ne devrait pas vous être inconnu. Ce dernier est parvenu à comprendre le mécanisme de l'arc-en-ciel et il est capable d'en produire chez lui, à travers un prisme, comme un cristal. Par contre, il ignore encore les détails physiques, principalement la manière de courber les rayons. Hayden va devenir son aide de camp et ensemble ils vont traquer les phénomènes de la nature, jusqu'au jour où notre jeune lord est obligé de rentrer chez lui en toute hâte. Son père vient d'avoir un accident et ce sera désormais à lui d'endosser le rôle de "l'homme dans la famille", ce qui pour les Springworth revient à dire jouer les espions, au service de la couronne d'Angleterre. Dans le cas précis de notre héros adolescent, cela correspond à  prendre le bateau pour se rendre jusque dans le Béarn, où il sera question de diffuser de la fausse monnaie, au bénéfice des factions protestantes qui trament contre le royaume de France. Hayden est plein d'enthousiasme et il a plus d'un tour dans son sac, aussi ce changement complet d'existence ne l'épouvante pas plus que ça. Alors, il s'embarque !

Dès le titre et la couverture de ce splendide album publié chez Dargaud, nous savons que nous aurons à faire autant à de la bande dessinée qu'à de la poésie en images. Oui, une fois n'est pas coutume, parlons tout d'abord du dessin. Le storyboard de cette histoire est réalisé par Roberto Ricci mais c'est surtout le trait et l'usage pertinent et magnifique de la couleur de Laura Iorio qui rend cet ouvrage aussi intéressant. On pourrait croire, à en juger par le style employé, qu'il s'agit d'une simple bande dessinée jeunesse, mais le savoir-faire est si impressionnant (et là, le découpage initial de Ricci y est aussi pour beaucoup) qu'on prend un grand plaisir à suivre les différents chapitres des aventures de Hayden, chacun étant annoncé par une des couleurs de l'arc-en-ciel. Et c'est cette couleur précisément, ce ton, qui va dominer les planches de l'artiste italienne, créant ainsi différentes ambiances, projetant un éclairage unique à chacune des étapes du parcours d'Hayden. La seconde moitié de cette bande dessinée s'éloigne de la première dans la thématique, dès lors que Hayden fait la connaissance d'une jeune fille que tout les paysans du Béarn considèrent comme une sorcière, puisque la pluie l'accompagne, dans chacun de ses mouvements. Une rencontre et une dynamique qui semblent rompre avec le rythme et les ambitions des premiers chapitres, sauf que le final confirme que cela est volontaire, et que les deux grands mouvements se complètent et s'assemblent, en fin de parcours. Cédric Mayen parvient donc avec habileté et expérience à boucler la boucle et faire de cet Arc-en-cieliste une jolie surprise à moitié féérique, en cette fin de printemps. Disponible chez Dargaud. 
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