ZOE Poche - 2023 - 174 pages

*

Une enfance solitaire au bord d'un lac, à attendre sa mère, à se noyer dans ses souvenirs. La gamine boit l'eau du lac, se vautre dans l'herbe et rêve pendant des heures. Un soir, elle a 13 ans, sa mère rentre en pleurs. Elles partent, sur un coup de tête, sans se retourner. Elles laissent la maison et le lac pour partir à la recherche de la joie qui leur manque - ou, sans se le dire, sans se l'avouer, de ce frère/fils et de ce père/mari qui sont partis quand elle avait un an. Mère et fille s'enfuient, se mettent en marche, n'emportant rien, à travers la forêt.

Au bout de quatre années, elles arrivent sur l'île de Locla-yom - avec l'océan à perte de vue. L'adolescente y rencontre l'amour. Mère et fille vont se séparer.

C'est un roman singulier, sauvage et poétique. Comme une scansion, de petites phrases entrecoupent et rythment le récit, évoquant le caractère éphémère de la vie, la mémoire qui finira par s'éteindre.

C'est un roman qui célèbre la nature et la liberté en mettant en scène une héroïne fusionnelle avec les forêts, elle dit d'ailleurs qu'elle a un " corps-forêt ". " Je suis née petite et je le resterai. Ma mère raconte que j'ai arrêté de grandir par solidarité, le jour de mes onze ans quand trois bûcherons sont venus tronçonner la forêt de chênes qui me servait de paradis, de jungle ; j'ai cessé de grandir, j'ai arrêté la sève, j'ai enfoui ma colère et j'ai tenu mes mains serrées. "

Les mots de Douna Loup appellent à tisser des liens, bâtir des ponts. Une lecture à la fois dépaysante et ressourçante. Ça parle de féminisme, de liens, d'ouverture aux autres, d' ensauvagement, de justice restaurative même. C'est déroutant, c'est beau, c'est un peu fou.