L’Iconoclaste – 2021 – 355 pages
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La narratrice a quarante ans, elle est cette femme qui dirige le je(u) ; cette femme qui a deux problèmes dans la vie : ses démangeaisons nocturnes et le fait qu’elle soit toujours follement amoureuse de son mari. Même après quinze années de mariage et deux enfants, son amour ne s’est pas flétri, n’a pas diminué d’un iota. Il est demeuré intact, comme aux premiers jours ; tout l’émeut et elle se laisse consumer jour après jour – par la jalousie, les doutes, les analyses des moindres faits et gestes. Dans un carnet, elle compulse le moindre faux pas de son mari, ses fautes – comme la clémentine, les lasagnes et la pop anglaise – et les peines à lui infliger.
« J’envie les veuves, les maîtresses et les femmes abandonnées, car je vis depuis quinze ans dans le malheur permanent et paradoxal d’être aimée en retour, de connaître une passion sans obstacle apparent. » Elle est comblée, et pourtant elle ressent un manque lancinant. C’est une femme anxieuse, qui s’est formatée, bercée d’illusions sur l’amour, le couple.
Du lundi au dimanche, la tension monte et les propres secrets de l’épouse s’esquissent. Mon Mari est un premier roman qui se révèle féroce d’intelligence, original et addictif dès les premiers mots. Le style est réjouissant, c’est tordant, on tourne les pages à toute allure jusqu’à l’épilogue, si drôle.
Mon Mari tourne en dérision le couple, la vie à deux et les injonctions faites aux femmes. À travers ce personnage féminin excessif – à la fois victime et bourreau – qui dédie sa vie à son mari, l’on perçoit une critique de la charge mentale amoureuse – tous ces efforts déployés, toutes ces lectures d’articles et de conseils féminins tous plus ridicules les uns que les autres… Toutes ces injonctions!