Raymond Jean Marie De Kremer (1887-1964) est un écrivain belge. Il écrit en français principalement sous le pseudonyme Jean Ray et en néerlandais souvent sous le pseudonyme John Flanders mais a utilisé plusieurs dizaines d'autres pseudonymes et a, selon les éditions et rééditions, utilisé indifféremment l'un ou l'autre pseudo. Il est connu en français pour s'être largement consacré à la littérature fantastique, dont il est un des maîtres mais il a aussi beaucoup écrit pour la jeunesse.
Malpertuis, roman devenu un classique de la littérature fantastique, date de 1943. Il a fait l’objet d’une adaptation au cinéma par Harry Kümel en 1971 avec Orson Wells et Michel Bouquet.
Fin du XIXème siècle, l’oncle Quentin Moretus Cassave est mourant, neveux et nièces à son chevet prennent connaissance de ses dernières autant qu’étranges volontés : pour toucher l’énorme héritage qu’il va laisser, ils doivent tous dès à présent habiter sa grande et sombre demeure – Malpertuis - et le dernier survivant raflera la mise.
Jean-Jacques Grandsire, vingt ans, est le héros et principal narrateur de cette effrayante histoire dont je ne vais que survoler les rebondissements, tant ils sont mystérieux et, pour reprendre une réflexion de l’un de ceux qui l’ont vécue, « Je n’ai pas toujours compris, hélas… ! Mais qui pourrait m’en vouloir ? » Car effectivement, le lecteur est entrainé dans une angoissante série d’évènements : morts, bougies qui s’éteignent sans cesse et sans raison, dangers mal identifiés (« L’ombre se rapprochait de moi, en tapinois, déjà les hauteurs de la cage d’escalier étaient d’encre et de poix »), j’en passe et des meilleures…
Notre J.J. ne peut guère compter non plus sur les bizarres autres membres de la famille, le cousin Philarète taxidermiste toujours à la recherche d’une nouvelle proie, Lampernisse qui geint en permanence quand les lumières s’éteignent et y voit une main diabolique derrière ce mystère, etc.
Le lecteur donc, n’y comprend rien mais se laisse porter par le mystère ambiant et la très belle écriture de Jean Ray au vocabulaire somptueux pas avare de mots peu connus (médianoche, spagyrie…). Heureusement, dans une seconde partie du roman constituant un long épilogue, tout va s’éclaircir et les explications nous être fournies. Je peux vous les donner, elles ne gâcheront pas votre lecture, au contraire mieux que les lignes précédentes, elles vous donneront peut-être envie de lire ce bouquin : l’oncle Cassave avait en fait réuni sous son toit prisonniers, les dieux de l’Olympe lessivés et au bout du rouleau et qu’à la base de ce drame mystérieux, une Euménide et une Gorgone se disputaient le cœur d’un pauvre garçon de vingt ans qui, sans doute ne se savait pas fils de dieux.
Avec cette clé de lecture, le roman prend tout son sens, les locataires de la demeure, ce qui leur arrive, tout s’insère dans la logique de la mythologie grecque, Jean Ray la bousculant néanmoins et la confrontant au croyances chrétiennes.
Pas mal du tout !