Je remercie les Editions Rivages/Noir pour l'envoi de ce nouveau titre.
Christophe Mercier (Traducteur)
James Lee Burke
Biographie de l'auteur:
James Lee Burke est l’un des auteurs les plus prolifiques du roman noir américain contemporain. Deux fois lauréat du prestigieux Edgar Award, il poursuit les sagas qui l’ont rendu célèbre, celle de l’enquêteur Dave Robicheaux (héros de Dans la brume électrique» que Bertrand Tavernier a porté à l’écran) et du shérif Hackberry Holland. Unanimement loué pour le lyrisme avec lequel il évoque la nature dans ses livres, engagé dans la défense de l’environnement, Burke continue à explorer de livre en livre les ambiguïtés du bien et du mal, une quête puissante qui l’a fait comparer à Faulkner. Il partage son temps entre le Montana et la Louisiane.
Présentation de l'éditeur
A Houston, dans les années 1950, le jeune Aaron Holland Broussard fait un rude apprentissage de la vie, entre trafics de drogue et familles mafieuses, sur fond de romance contrariée. Burke poursuit la saga de la famille Holland au Texas.Un roman noir social qui expose les fractures de classe de l’Amérique de l’après-guerre. Burke poursuit sa réflexion sur la violence humaine dans un livre encadré par la présence de deux guerres (la « Grande Guerre » où a combattu le père d’Aaron et la guerre de Corée, contemporaine de l’histoire).
Ma chronique :
Un coup de cœur pour ce voyage dans le temps, prêt à revivre l'ambiance des années 50 à Houston, Texas ? Aaron Holland Broussard, un lycéen de dix-sept ans qui va mettre le doigt dans un engrenage de violence et de corruption. Quand Aaron est témoin de l'agression brutale de Valerie Epstein, une belle fille issue d'une famille aisée, il se sent obligé d'intervenir pour la protéger. Cet acte d'héroïsme déclenche une série d'événements qui l'exposent à de dangereux secrets et vont mettre sa propre vie en danger. L'insouciance de la vie d' adolescents, l'amitié, les drive-in, les juke-box et les milk-shake à la cerise ne résisteront pas longtemps face au pouvoir de la mafia locale et d'une des familles les plus riches du Texas. James Lee Burke nous livre un superbe roman noir sur le passage à l'âge adulte avec en fond la guerre de Corée. Il s'agit aussi d'une très belle histoire d'amour et de ce que l'on est prêt à faire pour la protéger à tout prix. Un récit profond qui explore les thèmes de la loyauté, de la trahison et des lignes floues entre le bien et le mal. C'est à mon sens l'un des plus aboutit avec sa prose lyrique. Les années 50 se révèlent à nous dans toutes leur splendeur. La société et la culture de l’époque ne manquent pas de charme même si on perçoit toute les tension raciales et les inégalités sociales. Un polar dont la narration est magistralement tenue par le jeune Aaron en quasi totalité. La place des pères est abordée, celui d'Aaron courageux et héroïque. Une galerie de personnages pleinement étoffés, rendus attachants par un développement savoureux et des descriptions évocatrices et stimulantes rendent la lecture captivante, pleine de suspense et d'humour. Bonne lecture.
Citations :
Parler avec Saber, c’était comme discuter avec le conducteur d’une bétonneuse en train de faire reculer son véhicule dans une horlogerie. « Quels types ?
– En costard. Dis-moi que ce ne sont pas des gangsters.
– Parle moins fort, dis-je.
– Le vol de Palerme a dû se poser. »
– L’argent, c’est l’argent. Soit on en a, soit on n’en a pas. Si on n’en a pas, on finit par passer la tondeuse sur la pelouse des autres. T’es un mec futé. Tu crois aux conneries qu’on lit dans les journaux ? Ces types écrivent ce qu’on leur dit d’écrire. C’est pareil pour les affaires et pour la politique. C’est une scène de théâtre destinée aux petites gens. »
Je raccrochai, montai dans ma bagnole et m’enfonçai dans cette île géante de chênes, de richesse, de fausse splendeur d’avant la guerre, qui était le pays natal de Grady. Il y avait une bourrasque sur le golfe, et des traînées de pluie pourpre s’étendaient sur le bleu du ciel. Je jetai un coup d’œil sur le rétroviseur arrière. Le break Packard était à deux pâtés de maisons derrière moi. Une feuille de journal humide claqua contre mon pare-brise et disparut dans la tempête de vent et d’arbres derrière moi ; le pommeau du levier de vitesse vibrait dans ma paume comme une dent de sagesse douloureuse.