Libreville au Gabon. Grâce à son oncle, Joseph Timar jeune homme de vingt-trois ans, est engagé pour un poste dans une exploitation forestière en Afrique. A peine arrivé sur le continent et installé au Central l'unique hôtel européen du port de Libreville, Adèle, la patronne, dont le mari agonise lentement, s'offre à lui. Peu de temps après, son boy est assassiné non loin de l’hôtel, le même homme que celui avec lequel Adèle s’était accrochée et Joseph l’avait vue le poursuivre…
Quand Adèle convaincra Joseph de racheter la plantation dans laquelle il était engagée mais qui va faire faillite, il accepte et tous deux partent la rejoindre à l’intérieur des terres par le fleuve. Vont-ils vivre le parfait amour, loin de tout, et s’enrichir rapidement de la vente de bois rares avant de pouvoir retourner en Europe ?
Une question toute rhétorique bien évidemment car comment imaginer que cela puisse marcher entre ces deux-là ? Lui n’est qu’un gamin, ignorant des choses de la vie, à peine débarqué dans un pays trop étranger pour lui, aux conditions climatiques pénibles et au contexte social qui le dépasse ; elle, a roulé sa bosse, avec son époux ils sont interdits de séjour en France pour traite des blanches et ici, elle a fait son trou en usant de ses charmes auprès des colons ayant quelques pouvoirs.
Le gamin tombé amoureux immédiatement va dès lors en baver pour la vie : jalousie et suspicion pour l’esprit, maladie tropicale et chaleur pour le corps, sans compter sur ce poids terrible qui va l’accabler quand un Noir est accusé du meurtre du boy à la place d’Adèle. C’en est trop, Joseph explose, veut hurler la vérité, sombre dans la folie…
Un roman critique sur l'administration coloniale française pendant les années trente, où les Blancs abusent de leurs pouvoirs et privilèges sur les locaux. Et quand l’un des leurs est compromis, ils font bloc pour le défendre, l’enquête est truquée, le coupable désigné résulte d’une magouille sordide, le procès est bâclé. Physiquement épuisé, moralement effondré, trop tendre pour vivre ces péripéties, Joseph ne peut trouver la fuite que dans la folie.
Très bon roman.