Dans son nouveau roman noir, La maison dans les nuages, Nickolas Butler dresse un portrait sans concession de ces Américains capables de tous les sacrifices pour atteindre leurs rêves.
Quelle est la vraie richesse : l’argent ou le temps ?
Avec l’argent on peut tout s’offrir : une maison luxueuse au cœur des montagnes, dans laquelle l’exceptionnel côtoie l’époustouflant. Avec l’argent on peut s’offrir une batterie d’ouvriers prêts à travailler jours et nuits pour finir cette maison dans les délais imposés. Avec l’argent rien n’est vraiment un problème, ni un pont qui s’effondre ni un soulèvement qui gronde. Avec l’argent on est maître de tout… sauf du temps.
Quand le temps manque, on dispose d’une denrée rare qui peut être monnayée à prix fort. Quand le temps joue contre nous, rien n’a plus de sens que ces minutes qui s’égrainent et que l’on ne peut retenir même à coup de millions.
Quand le temps devient une obsession, on finit par tout lui sacrifier jusqu’à l’essentiel et l’irremplaçable.
« L’Amérique est le meilleur pays du monde, lui disait toujours son père, à condition de ne pas manquer d’argent ». Ces paroles résonnaient dans son esprit à présent. La seule solution était de travailler dur, plus dur et encore plus dur. S’il ne s’était pas déjà engagé à respecter les délais du contrat avec Gretchen, il l’était désormais, corps et âme.
Qui a vraiment le pouvoir : celui qui possède l’argent ou celui qui possède le temps ?
En fin portraitiste d’une Amérique dont il révèle les rêves de gloire et les errances, Nickolas Butler nous offre à nouveau un roman qui remue un je ne sais quoi en nous parce qu’il nous questionne sur nos valeurs et sur les sacrifices auxquels nous serions prêts à consentir pour les défendre. Il nous interroge également sur la portée de nos rêves et désirs les plus fous. Sont-ils à placer au-dessus de tout pour mériter tous les sacrifices ? Sont-ils réellement ce Saint-Graal seul capable de faire notre bonheur ? Celui qui rêve est-il au fond plus heureux que celui qui se contente de ce que la vie a à lui offrir de plus banal et authentique ? Et de quel rêve parle-t-on : de celui qui nous enrichit intérieurement ou extérieurement ?
On est finalement pas très loin du sujet de philo avec ce roman noir qui parlera à tous les lecteurs ayant un jour dans leur vie, cherché à réaliser leurs rêves les plus fous.
Avec ce nouveau roman de Nickolas Butler, mon sentiment d’avoir entre les mains l’oeuvre d’un très grand écrivain est confirmé. Il fait désormais partie de mes auteurs fétiches aux côtés du grand Steinbeck.
L’ESSENTIEL
La maison dans les nuages
Nickolas BUTLER
Traduit de l’anglais par Mireille Vignol
Editions Stock en GF
Sorti le 17/05/2023 en GF
450 pages
Genre : roman noir contemporain
Personnages : Gretchen Connors, la propriétaire et Cole, Bart et Teddy les trois associés
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : les autres romans de l’auteur (Retour à Little Wing, Le petit-fils…), Nos âmes la nuit de Kent Haruf, A l’est d’eden et La perle de John Steinbeck
Disponible pour le moment en grand format et en livre numérique
RESUME DE L’EDITEUR
« Cette maison allait changer leur fortune. Ils le sentaient. »
Cole, Bart et Teddy sont associés d’une petite entreprise de construction à Jackson, dans le Wyoming. Lorsque Gretchen Connors, une richissime avocate californienne, leur propose de terminer de bâtir une sublime maison au cœur des montagnes voisines, le trio aperçoit une porte de sortie, loin de leur quotidien banal. Cette maison serait un bijou architectural, la plus belle de toute la région, leur chef-d’œuvre.
Un seul problème : ils doivent terminer le chantier en quatre mois, ce qui signifie travailler jour et nuit. Et pourquoi le précédent entrepreneur a-t-il jeté l’éponge ?Mais l’appât du gain est trop fort. Ils acceptent.Alors qu’un hiver glacial s’installe, que le chantier se met en difficilement en branle, Cole doit aussi gérer son divorce malheureux, Teddy ses quatre filles et Bart son addiction à la méthadone. Cette maison qui semblait être un petit coin de paradis, ne deviendrait-elle pas leur pire cauchemar ?
Portrait d’une Amérique orpheline de ses rêves, coincée entre le mirage du bien-être et un capitalisme implacable, La Maison dans les nuages est un roman noir à couper le souffle.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire La maison dans les nuages
- c’est le roman parfait « fête des pères » car il y est question de bâtiment, de construction et d’hommes qui cherchent à s’accomplir à travers leur travail
- on est dans une ambiance « nature writing » mais avec du rythme, du suspense et quelques cadavres, le combo parfait
- les personnages de Butler sont complexes et attachants
3 raisons de ne pas lire La maison dans les nuages
- si vous n’êtes pas sensible à la (belle) littérature américaine
- si vous êtes actuellement empêtré dans des travaux (ce roman risque de vous confronter à votre pire cauchemar)
- si vous avez déjà tenté de lire un roman de Nickolas Butler et n’avez pas accroché (on ne peut pas plaire à tout le monde mais faites un petit effort, c’est Butler quand même !)
L’article La maison dans les nuages de Nickolas Bulter est apparu en premier sur Lettres & caractères.