Alan Pauls est un écrivain argentin né à Buenos Aires en 1959. Fils d'un émigré allemand qui a fui le nazisme en 1936 il n'a jamais réussi à maîtriser la langue allemande, en dépit de son intérêt pour la littérature allemande. Il a fait ses études au lycée français de Buenos Aires et parfaitement francophone, il est un bon connaisseur des œuvres de Stendhal, Proust et Barthes, qui l'ont inspiré pour la composition de ses propres œuvres. Professeur de théorie littéraire, traducteur, scénariste, critique de cinéma, il a notamment publié un essai sur Borges, plusieurs nouvelles et une dizaine de romans dont celui-ci qui vient de paraître.
Savoy, notre héros, semble un peu perdu dans le monde et n'a trouvé qu'une solution pour contrer son ennui et sa solitude assumée, il visite des appartements, non pas pour les lieux précisément mais pour rencontrer des gens, les faire parler, voir comment ils vivent. Par le biais de Renée, une ex devenue son amie, il découvre internet, les sites de ventes entre particuliers qui là encore lui permettent de se rendre chez des gens où il achète n'importe quoi, juste pour le plaisir de la visite, puis il découvre les sites de rencontres où il se lie avec Clara, une Hollandaise. Une nouvelle bizarrerie dans la vie de Savoy car Clara ne vit quasiment jamais près de lui, son job consistant à garder les maisons de particuliers devant s'en absenter et ce, dans le monde entier ! Un moyen comme un autre, pour elle, de voyager.
Je ne vais pas vous mentir, je me suis ennuyé comme c'est pas possible à lire ce bouquin qui me tombait perpétuellement des mains après les cinquante premières pages.
Je ne dis pas que le roman est mauvais, il trouvera son public mais il ne se passe rien de notable et le peu n'a guère d'intérêt. Il paraît que Marcel Proust l'inspire et c'est vrai. Autant j'aime le Français, autant cet Argentin m'ennuie et certainement pour les mêmes raisons que celles qui font ne pas aimer Proust pour ceux qui s'y ennuient : l'écriture est dense, les digressions sur des points de détail allongent les phrases à n'en plus finir et noient hélas, l'humour discret et sous-jacent qui rythme le récit, bref c'est asphyxiant.
Quant au(x) sujet(s) du livre je ne sais pas trop, certes il y a une critique/moquerie de la modernité et de ses nouvelles technologies, du mode de vie qu'elles nous imposent etc. mais c'est tellement léger, déjà lu ailleurs et noyé dans tant de blablas que ça passe presque inaperçu. Ne reste que l'ennui... pour moi.
" Dans le fond, aucune des questions qu'il posait ne l'intéressait réellement. Il se moquait bien que le plafond fût sur le point de tomber, que le mur se fendît en deux d'un moment à l'autre ou que les travaux qui venaient de commencer dans le bâtiment adjacent garantissent deux bonnes années de poussières et de souffrance. Il posait ces questions juste pour les faire parler, pour leur voler ces minutes cruciales qui lui permettaient de se glisser entre les plis les moins évidents du monde qu'il flairait, vibrant et tentant jusque dans son obscurité lorsqu'il était obscur - qui, de par son expérience, non négligeable, représentaient la majorité -, retranché derrière les signes puérils qu'on lui montrait. "
Alan Pauls La Moitié fantôme Christian Bourgois Editeur - 377 pages -
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Serge Mestre