Léon Bloy (1846 – 1917), est un romancier et essayiste français, polémiste célèbre. Sans trop entrer dans le détail de sa biographie, juste cet épisode marquant qui donne une bonne idée du personnage : En 1877 il perd ses parents, effectue une retraite à la Grande Trappe de Soligny, la première d'une série de vaines tentatives de vie monastique, et rencontre Anne-Marie Roulé, prostituée occasionnelle, qu'il recueille, et convertit, en 1878. Rapidement, la passion que vivent Bloy et la jeune femme se meut en une aventure mystique, accompagnée de visions, de pressentiments apocalyptiques et d'une misère absolue puisque Bloy a démissionné de son poste à la Compagnie des chemins de fer du Nord. Cet épisode de sa vie se traduira dans son roman le plus célèbre, Le Désespéré.
Le dernier ouvrage de Léon Bloy que j’avais chroniqué était particulièrement dur, ici avec ces Histoires désobligeantes, un recueil de 31 nouvelles extrêmement courtes paru en 1894, le ton est tout autre, amusant de prime abord mais entendons-nous, il s’agit d’humour noir ou provocateur.
Quelques exemples du contenu de ce recueil : Un fils surprend par hasard la confession de sa mère à un prêtre et l’histoire se termine mal (La Tisane) ; Un dentiste amoureux tue son rival puis épouse la belle mais la jalousie le ronge et quand leur vient un enfant difforme ressemblant au mort, c’en est trop… (Terrible châtiment d’un dentiste) ; Dans Le Frôleur compatissant un homme prend son plaisir « de toucher à peine, de palper infiniment peu » ; Ailleurs un cocu se venge de ses « amis » en les invitant à manger la galette où il a incorporé le cœur de sa femme défunte ! (La Fève) ; Enfin on notera que c’est dans Le Téléphone de Calypso qu’il est fait mention de la première conversation téléphonique de la littérature française.
Tous ces textes au-delà de leur humour (« Il était si chaste qu’il eût condamné la jupe des zouaves ») tissent une critique plus ou moins apparente des mœurs et de la bien-pensance de la bourgeoisie de son époque. Des fables acides débutant gentiment pour s’achever brutalement.
L’écriture est particulièrement soignée, empreinte du style caractéristique du début du XXème siècle, éblouissante dans son délié digne des orateurs de talent où les mots rares se sentent à leur aise (« une bouchère hispide », « non moins albe et lactescent que le nitide manteau des anges ») en compagnie de nombreuses références littéraires.
Pas mal du tout.