La Propagandiste

Par Lalitote

Je remercie Les Editions du Seuil pour ce nouveau partenariat.

Cécile Desprairies

Biographie de l'auteure

Née à Paris en 1957, Cécile Desprairies est germaniste et historienne de l’Occupation en France. Elle a publié de nombreux ouvrages sur les images de propagande, les lieux et les lois de cette période, notamment Paris dans la collaboration (Seuil, 2009). La Propagandiste est son premier roman.

 

Présentation de l'éditeur

Dans le Paris des Trente Glorieuses, une enfant assiste aux réunions des femmes de la famille organisées au domicile de sa mère, Lucie, dans un immeuble haussmannien. On parle chiffons et on s’échange les potins du jour. L’ambiance est joyeuse. Plus agitée, aussi, quand il s’agit d’évoquer, à mots voilés, le passé de Lucie, ce grand amour qu’elle aurait connu, pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de se remarier.

Qui est Lucie ? Qu’a-t-elle fait précisément, avant ?

De fil en aiguille, perçant les mensonges et les non-dits de cette mère énigmatique, l’enfant, devenue adulte et historienne de profession, met à nu la part d’ombre de Lucie et de toute une partie de sa famille. Les masques tombent, et l’histoire de cette femme, collaboratrice zélée, en France, sous l’Occupation, se révèle en plein, à l’image d’un passé collectif dont on n’a, aujourd’hui encore, pas fini de faire l’inventaire. La Propagandiste jette un regard sans concession sur la France de la collaboration et son empreinte sur notre mémoire collective.

 

Ma chronique : 

Cécile Desprairies est historienne spécialiste de la période de l'occupation en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a, à ce titre écrit de nombreux ouvrages sur le sujet. La propagandiste est son premier roman, il mêle histoire familiale et fiction. Le personnage principal nommée Lucie est la mère de l'auteure, le récit se base sur sa vie. Elle était une grande propagandiste, si ce terme ne vous parle pas sachez qu'elle travaillait auprès des autorités nazies. La propagande nazie était un outil puissant utilisé par le Parti nazi pour promouvoir son idéologie, diaboliser ses ennemis et maintenir le culte de la personnalité autour d'Adolf Hitler. Elle a joué un rôle crucial dans la montée au pouvoir des nazis en Allemagne et a eu des conséquences tragiques pendant la Seconde Guerre mondiale. On découvre à hauteur des yeux de l'enfant qu'elle était, les souvenirs qu'elle a gardé de cette époque. On revisite à ses côtés les thèmes de la famille, de l'identité mais aussi le côté historique d'une famille française pro-nazi à la fin de la guerre, au moment où l'épuration fait rage. C'est aussi l'histoire d'un grand amour entre Lucie et Friedrich (l'alsacien) qui perdurera même après que la dame ce sera remariée. Une période trouble que Lucie traversera sans jamais remettre en question ses croyances. Veuve à 24 ans elle vivra encore de nombreuses années dans l'illusion de ce monde révolu. L'histoire se déroule à Paris pendant la période de croissance économique après la Seconde Guerre mondiale, elle est racontée par la fille de Lucie, entre souvenirs, prise de conscience des choses qu'elle était trop petite pour comprendre et qui prennent sens une fois adulte. Un roman qui permet de se poser les bonnes questions sur la place de sa propre famille à cette époque et de saluer le courage de l'auteur d'ouvrir à tous les regards son intimité familiale. Bonne lecture.

Citations : 

Le clan est saisi d'effroi par les procès qui se poursuivent et les listes des condamnés lues dans le journal. Le premier fusillé, un ami journaliste, Georges Suarez, le 9 novembre 1944, les a sidérées. Puis, Jean Hérold-Paquis, exécuté le 11 octobre 1945. S'attaquer à des journalistes et à un type de trente-trois ans - sept ans de plus que Lucie - les salauds ! Et Jean Luchaire qui dirigeait la corporation de la presse. Personne ne savait exactement ce qu'elle recouvrait cette corporation mais il avait un beau carnet d'adresses. Un type un peu coureur mais si gentil. Fusillé le 22 février 1946. Sa fille doit être dans tous ses états. Les salauds ! Et maintenant Jean Mamy, journaliste et réalisateur, une relation de Zizi qui avait promis de la faire travailler. Que va-t-elle devenir ? "Jean Ma-my!" psalmodie Zizi, perdue, elle qui a toujours été entourée et choyée, dépendante des hommes et de l'argent. "Mais Lu-cie?"


 Heureusement, l'Espagne de Franco est un lieu d'accueil. Il paraît que Bonnard, l'ancien ministre de l'Education, organise même à Madrid des tournois de tennis avec ses compatriotes. Sacré Abel. "L'Abel et l'Abetz", comme les surnommait mon grand-oncle Raphaël. Où mène l'Instruction publique.