Décembre 1966. Daniel, le narrateur, sorti de longues années de dépression noyées dans la boisson, accepte l’invitation d’un ami, le seul qui lui reste, résidant en Allemagne ; Il embarque dans un train. Bien que presque vide, un voyageur, Werner Kosnow, s’installe à ses côtés, entame une discussion tournant autour de l’hypnotisme et fait surtout parler Daniel qui se livre à cet inconnu, à son grand étonnement, lui le taciturne. Un léger mystère plane déjà. Quand Kosnow montre la photo d’une jolie femme à Daniel, la qualifiant de « fille du Mal », lui offrant un poignard à manche d’ébène dans une gaine de cuir écarlate et lui intimant l’ordre de la tuer pour sauver sa propre vie, le mystère monte d’un cran et ne fera que s’amplifier page après page...
Durant toute la suite du récit, rédigé dix ans plus tard par notre héros, Daniel ne sait jamais s’il rêve ou s’il vit une aventure extraordinaire autant que périlleuse : Kosnow disparait, le train s’arrête subitement dans une petite gare imprévue où Daniel descend, irrésistiblement attiré ou poussé par une volonté extérieure, vers une demeure aux volets clos dont la porte d’entrée est surplombée de l’inscription en latin « Ici habite la Succube » !
Daniel Walther entraine avec maestria le lecteur dans une histoire digne de Lovecraft, un héros agissant comme un pantin manipulé par une entité supérieure, des voix qui lui parlent, des décors de neige et de brumes, des acteurs secondaires aux réactions étranges qui semblent en savoir plus que notre malheureux Daniel et enfin la confrontation finale, le but ultime de la mission qui lui a été confiée.
Un excellent texte, superbement écrit pour servir un scénario montant en puissance et mystère page après page. Le lecteur comme le héros sont hypnotisés par cet environnement lugubre et plein d’inconnues agréablement ponctué d’érotisme quand la succube entrera en scène (« J’étais dans un état de trouble sexuel extrême et dans des dispositions viriles proprement fantastiques ») mettant Daniel au bord de l’épectase.