Londres, qui vient de paraître, est une compilation de quatorze textes (Articles, essais, extraits de son journal, réflexions et souvenirs) datant des années 1920-1930 réunis pour la première fois en un seul volume et consacrés à sa ville de Londres. Suivez le guide !
Le premier texte prend pour prétexte l’achat d’un crayon à papier pour flâner dans les rues de la ville. Ville où nous irons de quartier en quartier selon les chapitres, les Docks où se prépare le trafic maritime avec les Indes ou l’Australie ; Oxford Street « qui n’est pas l’artère la plus distinguées de Londres »… Monuments et maisons célèbres sont visités, la Cathédrale Saint-Paul, le Parlement où se joue encore une partie de l’avenir du monde en ce début du XXème siècle (« Des affaires de la plus haute importance, qui décident du bonheur d’un peuple, du destin de nations entières, sont ici à l’œuvre »), à moins que ce ne soit la maison où vécu Thomas Carlyle (1795-1881) écrivain, satiriste et historien écossais, dont le travail eut une très forte influence durant l'époque victorienne, résidence qui en dit plus sur l’écrivain que n’importe quelle biographie constate Virginia Woolf.
L’écrivaine n’oublie pas les gens qui peuplent cette métropole, que ce soit le divorce d’un homme d’église « particulièrement fanatique dans sa foi, de sorte qu’il avait fait entrer la religion dans les régions les plus intimes de sa vie » ; ou bien le droit des femmes, cause chère à son cœur, « il fallait que justice soit faite, non pour elles, ni pour leurs enfants, mais pour toutes les femmes ».
Le texte le plus intéressant reste néanmoins celui consacré à Bloomsbury, situé dans le sud du borough londonien de Camden, Bloomsbury est une zone du centre de Londres dans un quartier résidentiel à la mode. Ici vécu l’auteure avec ses frères et sœurs après le décès de leur père et c’est ici que naquit le fameux Bloomsbury Group, un groupe qui réunit un certain nombre d'artistes, universitaires et intellectuels britanniques majoritairement diplômés de l’Université de Cambridge et installés à Londres, liés par des liens d’amitié depuis les premières années du XXème siècle jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale.
Un recueil qui ne manque ni d’intérêt ni de charme grâce à la belle écriture de Virginia Woolf, styliste s’il en en est, offrant de temps à autre de jolies formules (« Les livres d’occasion sont des livres sauvages, des livres sans toit ni loi »). Un œil perçant qui sait observer, grand angle ou zoom, au cœur d’une ville entrant dans la modernité avec ses habitants de classes mélangées, quartiers huppés ou rues populaires.
Pas mal du tout.