Le Vallon • Agatha Christie

Vallon Agatha Christie Le Vallon • Agatha Christie

Éditions Le livre de poche, 2021 (252 pages)

Ma note : 16/20

Quatrième de couverture ...

Un cadre bien délimité - le Vallon, propriété de Lucy Angkatell ; des suspects en nombre restreint ; pour Hercule Poirot, l'assassinat du médecin John Christow devrait être une affaire de routine. Mais cette fois, le célèbre détective belge a trouvé un adversaire à sa mesure...

La première phrase

" À très exactement 6h13 du matin par un beau vendredi de septembre, les grands yeux bleus de Lucy Angkatell s'ouvrirent sur une nouvelle journée et, sitôt d'attaque comme à l'accoutumée, l'aimable personne entreprit de se colleter sans plus tarder avec les problèmes enfantés par son incommensurable fécondité d'esprit. "

Mon avis ...

Enfin un week-end au vert ! Alors que notre détective à la moustache en croc séjourne à la Méridienne, un charmant cottage niché en pleine campagne anglaise, la garden-party organisée par sa fantasque voisine, lady Angkatell, vire au drame. John Christow, un éminent médecin, est retrouvé près de la piscine, le corps baignant dans une mare de sang. Il n'aura que le temps de prononcer un mot "Henrietta", avant de rendre l'âme. Le hic ? Rien n'était vraiment officiel, mais les invités du Vallon le savaient : Henrietta Savernake n'était autre que la maîtresse de Christow. L'épouse trompée ayant été retrouvée un revolver à la main au moment de la découverte du corps, voilà qui devrait faire tache pour la réputation des très estimés Angkatell. Alors que l'hôtesse des lieux se demande s'il serait convenable de faire servir le canard au dîner, Poirot met à contribution ses petites cellules grises.

Quel bonheur de retrouver ce cher Hercule Poirot ! Chaque année, je prends le temps de savourer deux ou trois enquêtes (voire plus) de notre célèbre détective. Les romans d'Agatha Christie ont toujours ce même pouvoir réconfortant au fil des saisons et du temps qui passe. Quand j'ai le moral dans les chaussettes, j'ouvre un Poirot et l'effet est immédiat : j'ai le ressenti que tout ira bien, et j'aime plus que tout évoluer en compagnie des personnages.

Le Vallon (1946) est encore une fois un bon cru. Si Hercule Poirot se fait pour une fois assez discret, j'ai adoré la galerie de protagonistes imaginés par la reine du crime : la lunaire et délurée lady Angkatell ; son époux, féru de chasse et d'armes à feu ; Henrietta Savernake, une artiste adepte de la poterie ; la si effacée (et parfois agaçante) Gerda Christow ; Veronica Cray, starlette égocentrique tout droit sortie du passé amoureux de la victime ; le timide Edward ou encore la sage Midge. La psychologie des personnages est particulièrement soignée et mise en avant. Impossible de deviner l'identité du ou de la coupable : Agatha Christie s'amuse à brouiller les pistes, d'autant plus que le meurtrier se montre plutôt habile pour ce qui est de cacher son méfait.

En bref, Agatha Christie reste une valeur sûre. Vous ne connaissez pas encore ses romans policiers ? Foncez ! Mes Poirot préférés restent pour le moment La maison du péril, Cinq petits cochons ou encore Témoin muet, mais Le Vallon gardera une place à part. Malgré quelques notes d'humour, le récit dégage en effet un je ne sais pas quoi de doux-amer jusqu'au final. Cette lecture me donne en tout cas envie de revoir l'épisode de la série avec David Suchet (qui incarne un Poirot à la perfection).

Extraits ...

" Hercule Poirot sirotait la tasse de chocolat qu'il aimait s'accorder en milieu de matinée quand la sonnerie du téléphone l'interrompit. Il se leva pour aller décrocher :
- Allô ?
- Monsieur Poirot ?
- Lady Angkatell ?
- Que c'est gentil à vous de reconnaître ma voix ! Je vous dérange ?
- Mais pas le moins du monde, répondit Poirot qui avait horreur du téléphone, et plus encore horreur de parler anglais au téléphone. "