Georges Bernanos (1888-1948) est un écrivain français. Il obtient le succès avec ses romans Sous le soleil de Satan (1926) et Journal d'un curé de campagne (1936). Dans un premier temps proche des mouvements monarchistes d'avant-guerre, engagé un temps dans l’Action Française et proche de l’antisémite Edouard Drumont, il rompt avec ces derniers et leurs représentants à l'occasion de la guerre d'Espagne, prenant le parti du peuple opprimé contre Franco. Ecrivain biface, il y a bien entendu le romancier catholique explorant les combats spirituels entre le Bien et le Mal mais il y a aussi le pamphlétaire, intellectuel engagé dans les combats de son temps comme le prouve ce petit ouvrage, La France contre les robots (1947) qui vient d’être réédité.
Avec ce brûlot particulièrement virulent, Bernanos s’attaque à la société industrielle et au monde de la Machine qui s’apprête non seulement à changer le monde et mais pire encore à modifier le mode de pensée des humains en les assujétissant et par là-même en les privant de leurs libertés. Ce monde où tout sera régi par la performance, l'efficacité et la rentabilité va droit dans le mur, totalement déshumanisé.
La liberté est en grand danger prédit l’écrivain, mais de quelle liberté s’agit-il ? car « lorsqu’un homme crie : « Vive la liberté ! » il pense évidemment à la sienne. Mais il est extrêmement important de savoir s’il pense à celle des autres. » (…) « Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même, en effet, est déjà disposé à la trahir. »
Puissante charge contre la montée en puissance du capitalisme industriel et son corollaire le progrès technique porteurs de tous les maux, Georges Bernanos taille à grands coups de machette la pensée envahissante des « imbéciles », terme maintes fois répétés dans ce bouquin.
On n’est pas obligé d’être d’accord avec tout ce qu’écrit ici Bernanos malgré de réelles prémonitions, par contre le lecteur s’en prend plein les oreilles tant le texte nous hurle que le danger est là.