Auteur : Christine Martin
Éditions : Baudelaire
Paru le : 17 janvier 2022
371 pages
Thème : Fantasy
disponible sur le site de l'éditeur
et sur amazon
Fait partie de la série
J'ai adoré !
Résumé
« En 1900, la famille Le Gall vit heureuse dans son beau manoir de Locronan. De retour d’un séjour inoubliable à Paris pour l’Exposition universelle, les époux Le Gall voient leur manoir incendié, ce qui cause le décès de leurs trois enfants. Les affres du désespoir s’abattent sur eux et Mariana pleure ses enfants jusqu’au jour de son décès. Son atroce destinée tourmente son âme qui rejoint le monde des ténèbres dans un dessein précis : la vengeance.En l’an 1983, la famille Kermadec vit dans un manoir situé sur le même emplacement que celui de la famille Le Gall. Les époux Kermadec adoptent trois enfants, qui finissent par disparaître…
En 2019, Solen fait un rêve étrange dans lequel on hante son esprit. Elle revient sur l’île de Guéran, auprès de ses amies les fées Morgane et Viviane qui l’aideront à trouver des réponses. Parviendront-elles à libérer du mal les trois enfants ? Sauveront-elles l’âme de Mariana ? »
Ma chronique
Je remercie les éditions Baudelaire pour cette lecture. Avec un petit regret, il s'agit d'un tome 2 (je n'avais pas vu sur la couverture et je ne m'en suis rendue compte qu'une fois le livre ouvert, outch !) En passant, le début du récit se passe en 2019 est un peu flou pour le lecteur qui ne l'a pas lu (le premier tome bien entendu) et par conséquent, j'ai bien compris que le début de ce tome part directement suite à la fin du premier. Mais il ne s'agit que des deux premiers chapitres, par la suite, nous plongeons directement dans l'histoire d'un manoir et plus besoin de se concentrer sur des personnages que nous ne verrons quasiment plus. Par contre, je vais demander le tome 1 pour en savoir plus, car maintenant tout cela m'intrigue. Parlons de ce récit, juste après les deux premiers chapitres. 1979, nous suivons la famille Kermadec vivant à Locronan en Bretagne. Une famille plus aisée que la moyenne, vivant au manoir de Locronan mais qui est tout sauf hautaine. Ils emploient du personnel qui le leur rendent bien et la vie bien que plus douce par rapport à d'autres familles ne les empêchent pas d'aider leur prochain sans contrepartie. Une famille aimante qui voit un mariage entre eux et une autre du village faisant partie des plus vieilles de cette petite ville. De l'amour à profusion, des mois qui passent et pas de bébés en vue. Qu'à cela ne tienne, il y a d'autres moyens que le naturel pour en avoir et l'adoption semble être une solution pour ces deux enfants du pays. Gregor et Katell vont enfin avoir le bonheur tant rêvé d'une famille unie, avec leurs parents et les enfants qui vont venir chez eux. L'histoire est simple de leurs côtés, après le bonheur de se marier, la déception de ne pas pouvoir avoir d'enfants "naturels", ils vont enfin avoir une vraie famille et vivre une belle histoire. Hum pardon, ce n'est pas un conte de fées et même si cela se passe aux pays des contes et légendes, il ne faut pas oublier que ma Bretagne (oui oui, MA Bretagne, car je viens de là-bas !) a également des frayeurs par endroit et la famille Kermadec va vivre une aventure extraordinairement douloureuse. Il était une fois un prince qui découvre sa princesse et pour avoir un happy end, il va leur falloir traverser de nombreuses épreuves. L'auteure nous embarque à leurs côtés et nous fait vivre des moments de bonheur, de doute, de dépression mais aussi d'espoir jusqu'en 1984... Et puis 1900 débarque. Une autre époque, une autre famille qui a déjà tout et même un peu plus. L'écriture se modifie, change, évolue en fonction du Temps, de la période et j'ai adoré ! 1900, le résumé vous explique déjà ce qui se trame, ce qui s'est produit et même si nous le savons déjà, c'est douloureux de suivre les époux Le Gall dans leurs épreuves. L'auteur a une certaine douceur dans son écriture qui nous laisse les émotions entrer en nous délicatement. La mort d'un enfant est toujours difficile à évaluer, à prendre en considération, dans ce récit, elle nous laisse tout sauf un gout amer en bouche. Les émotions de Mariana Le Gall avant et après l'incident sont fortes. Passer de la joie au désespoir en un claquement de doigts comporte des risques qui sont maitrisés. Nous avons une femme qui est heureuse d'avoir passé du temps avec sa sœur, vivant à deux jours de route (à l'époque, il fallait deux jours pour faire la Bretagne/Paris), d'avoir pu être présente lors de l'exposition universelle. Rentrer chez soi et voir les pompiers se battre contre un feu en plein cœur de leur demeure c'est ruiner le retour joyeux de revoir ses enfants donnés en bonne garde à la gouvernante. C'est avoir son cœur meurtri, détruit en une seconde. Le soleil ne brillera plus dans son regard et son cœur suivra son corps dans un tel effondrement que son mari ne saura plus quoi faire. Ces passages sont forts en émotions, du plus haut, nous redescendons au plus bas, plus bas que terre, bien plus bas que les six pieds sous terre également. Un récit plus dur pour ce couple qui voit son avenir détruit, ravagé par des flammes que l'on pourrait qualifier d'infernales. Retour en 1984 pour un événement qui va bouleverser les Kermadec et nous retrouvons les premiers personnages dont Solen Briant, celle dont l'identité est sur le titre de ce livre. Solen a un don particulier, qui lui vient de sa famille, sa grand-mère et probablement plus encore. Même sans avoir lu le premier tome, nous avons une histoire à part entière à partir du chapitre 3 et cela n'est pas dérangeant pour plein de raisons dont la principale : l'auteur donne largement assez de détails pour comprendre qui elle est, qui est sa famille et comment elle fonctionne. Alors, oui, il y a des détails qui sont plus pointus, mais j'ai hâte de découvrir le premier tome déjà et en plus les descriptions vont étonnement bien avec l'écriture. Au début, j'ai eu un peu peur, beaucoup de répétitions (la voiture est rouge et ça si personne ne l'a compris, ne vous inquiétez pas, jusqu'à la fin du récit, elle sera rouge, mdr) et le fait de ne pas avoir été plongé dans le premier m'a quelque peu perturbé. Une fois lancée, la plume reste la même, mais elle se dévore et je n'aurai pas du tout cru à cela. C'est détaillé, pas au point de raconter comment la fourmi qui passe devant les personnages porte sa nourriture, mais ce n'en est pas loin. Dans la plume de l'auteur il y a un je-ne-sais-quoi qui donne envie de continuer la lecture, qui emporte dans son monde où la magie (fantasy) est infime, mais ô combien importante. Ce n'est pas un fantasy comme je peux lire, pas de combats épiques (enfin nous en avons un qui n'est pas fait pour les enfants à la fin de ce récit tout de même), pas de jeux de pouvoirs ou de profusion de magie. Tout est délicat, aussi bien dans les sentiments entre les familles, les personnages et la manière de nous montrer les événements. C'est totalement immersif, nous suivons chaque protagoniste avec envie, celle de savoir ce qui va se produire. Par moment il ne s'agit que de routine, à d'autres d'événements plus graves. Un lien existe entre eux tous, oui mais lequel ? Ce fameux manoir a quelque chose en lui et bien entendu je ne vous en raconte pas plus. Il faut le lire pour comprendre que les liens entre les époques et les protagonistes existent bien d'une manière ou d'une autre. Un instant de magie par endroit, comme avec Gregor. Et puis, nous avons également cette histoire d'horloge, de Temps qui revient sans cesse. Nous naviguons entre les trois époques plus ou moins longtemps selon ce que l'auteur décide de nous montrer en priorités. Les liens fraternelles sont importants, la magie ne fonctionne véritablement que s'ils y croient tous. Certaines légendes interviennent, nous sommes entourés par moment d'elfes, (dommage point de Korrigans à l'horizon), mais chacune de ces créatures existent (pour moi elles sont réelles, je n'ai pas vécu si longtemps dans ce pays Breton pour ne pas y croire) et elles apportent un petit quelque chose. Dans tout rayonnement du soleil, dans chaque feuille qui bruisse, dans l'eau qui s'écoule librement en forêt, nous avons un personnage qui est là pour apporter ce qu'il faut à la nature pour qu'elle vive. J'ai adoré la façon dont l'auteur présente ces mythes, ces fées également qui sont si présentes dans nos mémoires. Cette magie est toujours présente et j'adore y aller avec mes gamins de colo, de prendre l'apparence de l'une d'entre elles et de raconter les histoires qui font de cette région un véritable conte peuplée de créatures. Tout n'est pas que lumière, nous le comprenons bien assez vite et si nous avons les fées de la lumière, nous avons aussi leur contraire. Les ténèbres sont aussi vaillantes que n'importe quel démon et pour réussir à faire sortir quelqu'un d'un gouffre pareil, il faut du courage, de la ténacité et un soupçon de magie. J'en oublie des éléments et rebondissements. Entre des objets, des périodes, des songes, des disparitions, les trois époques vont se lier de manière inextricable si ce n'est par cette magie qui se réveille au contact des nombreuses émotions. La joie, la perte, la déception, la dépression, le deuil, la vengeance, l'amour, l'amitié, la tristesse... Et puis les lieux (il ne manquait plus que Comper !) que personnellement je connais pour les avoir traversée à maintes reprises. Des lieux empreints de magie de part nos croyances, les us et coutumes, les légendes et ceux qui retracent toute leur vie celle des autres. Un monde à la fois enchanteur (tiens point de Merlin ?) et destructeur, car qui croit en la magie de la lumière apporte les ténèbres ailleurs. Certains faits sont étranges et cela peut amener le lecteur à se poser des questions, mais qui pourrait dire que c'est faux, ou que les réactions sont fausses ? L'environnement fait que cela reste dans le domaine du possible. Le monde réel se mêle à l'imaginaire et nous ressentons le travail fourni derrière l'intrigue. Un battement d'ailes de papillon est capable de bien des catastrophes, il ne faut pas l'oublier. En conclusion, un tome que j'ai adoré, même s'il y a de nombreuses répétitions et que je n'ai pas lu le premier tome (cela n'est pas dérangeant). La plume de l'auteur est incroyable et le récit tout autant. Il ne s’agit pas de fantasy classique comme nous pouvons voir la plupart du temps, il s'agit de personnages qui croient en la magie, une magie particulière : celle des liens affectueux, celle de la nature et de ses bienfaits, celle de l'amitié et de l'amour, celle des contes et légendes de Bretagne. 3 époques, 3 voyages, 3 heures, 3 branches... Cette région a pour symbole le chiffre 3, comme le triskel qui a de nombreuses significations (les trois principaux dieux de la religion celtique : Lug, Ogme et Dagda par exemple). La fin laisse entendre une suite, et j'ai hâte de découvrir ce que l'auteur va apporter comme souffle marin !