Les malheurs de Sophie • Comtesse de Ségur

malheurs Sophie Comtesse Ségur Les malheurs de Sophie • Comtesse de Ségur

Éditions du Rey, 2021 (181 pages)

Ma note : 16/20

La première phrase

" Ma bonne, ma bonne, dit un jour Sophie en accourant dans sa chambre, venez vite ouvrir une caisse que papa m'a envoyée de Paris ; je crois que c'est une poupée de cire, car il m'en a promis une. "

Mon avis ...

Qui ne connaît pas Sophie, cette petite fille de quatre ans qui enchaîne les bêtises (au grand désespoir de sa maman, Madame de Réan) ? Flanquée de son cousin Paul, beaucoup plus calme et moins téméraire, notre héroïne ne peut s'empêcher de faire les quatre cents coups. Qu'il s'agisse de laisser sa poupée de cire fondre au soleil, de servir à ses amies du thé agrémenté d'herbe ou encore de se goinfrer de pain à la crème fraîche, Sophie fourmille toujours d'idées plus farfelues les unes que les autres.

Publié en 1858, Les malheurs de Sophie nous conte donc les aventures de cette petite fille évoluant dans la noblesse du Second Empire. Pour écrire ce premier volet de La trilogie de Fleurville, il semblerait que la comtesse de Ségur (née Rostopchine) se soit fortement inspirée de son enfance passée au château de Voronovo, en Russie. Ses romans jeunesse étaient majoritairement destinés à ses petits-enfants pour qui elle nourrissait énormément d'affection.

Comme j'ai aimé me replonger dans Les malheurs de Sophie ! Je dois dire que je suis ravie d'avoir déniché cette édition agrémentée des illustrations de Castelli. Celles-ci offrent une vraie plus-value à l'ensemble.

Pour beaucoup, ce classique de la littérature jeunesse reste bien évidemment destiné à un jeune public. Pour autant, il est tout aussi intéressant de le (re)découvrir à l'âge adulte. Nous y découvrons ainsi le mode d'éducation qui était alors destiné aux enfants de cette seconde moitié du XIXe siècle, du moins à ceux qui évoluaient dans des familles relativement aisées. La religion tenait une place importante ; les pères sont ici totalement (ou quasiment) absents car en voyage pour affaires ; l'éducation est souvent confiée à des domestiques / bonnes ; le fouet semblait être une des méthodes pour se faire obéir (ce qui est totalement impensable aujourd'hui) !

Il est pour autant agréable de retrouver ses dix ans le temps de quelques pages. Nous rencontrons ici Camille et Madeleine (dont les personnages s'inspirent des petites-filles préférées de la comtesse) qui vivent à Fleurville, à quelques lieues du château des Réan. Nous suivons ici les péripéties de Sophie jusqu'à son départ pour la Louisiane. Je pense d'ailleurs enchaîner assez rapidement en me replongeant dans le deuxième volet de la trilogie ( Les petites filles modèles). De quoi prolonger cette bouffée de nostalgie. Et pour celles et ceux qui n'aiment pas lire, le dessin animé (qui était diffusé sur France 3) est tout autant une valeur sûre.

Extraits ...

" Sophie soupira et resta pensive ; petit à petit son visage s'éclaircit, elle avait une idée ; nous allons voir si l'idée était bonne. Sophie joua, puis déjeuna ; en revenant de la promenade avec sa maman, elle dit qu'elle allait tout préparer pour l'arrivée de ses amies. Elle mit la boîte à couleurs sur une petite table. Sur une autre table elle arrangea les six tasses, et au milieu elle mit le sucrier, la théière et le pot à crème.
"À présent, dit-elle, je vais faire du thé."
Elle prit la théière, alla dans le jardin, cueillit quelques feuilles de trèfle qu'elle mit dans la théière ; ensuite elle alla prendre de l'eau dans l'assiette où on en mettait pour le chien de sa maman, et elle versa cette eau dans la théière. "

Les malheurs de Sophie • Comtesse de Ségur