Daniel Walther (1940 – 2018), est un journaliste et un écrivain français de science-fiction et de fantastique. Il est l’auteur d’une œuvre importante, une trentaine de romans et plus de deux cents nouvelles. Il est l’une des voix les plus singulières du fantastique français.
Baba Yaga et autres amours cruelles est un recueil de onze nouvelles, paru en 2005. S’il est classé au rayon Fantastique chez votre libraire, sachez qu’il est aussi très érotique, voire torride.
Globalement, tous les textes entrainent le narrateur irrésistiblement attiré par de pulpeuses créatures dans des aventures sexuelles dont on ne sait jamais, et lui non plus, si elles sont réelles ou rêvées, relevant de fantasmes cherchant à s’exprimer ouvertement ou relégués au fond de son subconscient.
Ici, il est invité dans un club de jazz privé qui va s’avérer une descentes aux enfers [Jazz me blue]; là, c’est une vieille chapelle dans une petite île grecque qui le met en relation avec une déesse très exigeante [Ichor, le sang des dieux] ; un séjour en Crète ne manquera pas de sensualité [Les katakhanas sortent à midi] ; l’achat d’une vieille et vaste maison par un jeune couple recèle un fantôme voyeur très porté sur la chose [Le Guetteur] ; il y a aussi un jeune homme maladif et alité vivant avec son père et sa jeune belle-mère, mais est-ce réellement une femme ? [L’Ombre du bosquet] ; ou encore un musicien créant des œuvres expérimentales avec l’aide des démons [Le Dernier étage des ténèbres]…
Toutes les nouvelles s’appuient sur le fantastique ou le mystère généré par des situations imprévues, anormales dans des vies ordinaires et dont finalement on ne sait jamais si elles ont réellement eu lieu. Situations tournant autour du sexe dans des termes très explicites, même si Daniel Walther écrit très bien avec des références cultivées, ici il y a souvent des démons de légendes et des personnages de la mythologie grecque (ou autre) : Erynies ou divinités persécutrices, Priape, Pan etc.
Chacun pensera ce qu’il veut de ces nouvelles, aussi l’écrivain pour couper court à d’éventuelles critiques (?) fait dire à l’un de ses personnages, écrivain lui aussi, « J’ai toujours écrit des histoires morales. Obscènes certes, mais jamais immorales. La vertu – pour bizarre qu’elle paraisse dans mes écrits – finissait toujours par avoir raison du vice. Quant à l’érotisme, il n’est ni moral, ni immoral : il est indispensable. »
Une lecture très poivrée mais pas mal du tout. Un seul texte m’a déçu [Parmi les ombres] et j’avais déjà lu Les Voyageursparu indépendamment.
« - Vos yeux ! C’est terrible, n’est-ce pas ? Mais vous n’avez pas besoin d’eux pour me sentir, pour ressentir ! N’est-ce pas ? Pour goûter au plaisir que peut vous donner votre toute dévouée petite odalisque. Je suis votre chienne couchante… Pourquoi voudriez-vous voir et entendre ? Voir ce monde mourant et laid, cette putréfaction répugnante, entendre cette musique qui apporte la mort ! Mon amour, souvenez-vous comme nous étions heureux ! Tellement heureux ! Vous le Maitre et moi, votre petite putain obéissante et soumise ! »
Daniel Walther Baba Yaga et autres amours cruelles Nestiveqnen Editions - 234 pages -