Psychopompe

Par Lalitote

Je remercie les Editions Albin Michel pour cette nouvelle lecture. 

 Amélie Nothomb 

Biographie de l'auteure

Amélie Nothomb est un écrivain belge de langue française. Depuis 1992, elle publie aux éditions Albin Michel un roman par an. Stupeur et tremblements, roman de son expérience professionnelle au Japon, sera récompensé en 1999 par Le Grand Prix du roman de l'Académie française.

Présentation de l'éditeur

" Ecrire, c'est voler." Amélie Nothomb

Sélectionné pour le Prix Littéraire 2023 du journal Le Monde.

 Ma chronique : 

J'attends toujours avec impatience de nouveau millésime d'Amélie Nothomb. Cette année encore je suis tombée sous le charme de ce nouveau titre. Avec Psycopompe nous entrons encore un peu plus dans l'intimité de l'auteure, la petite fille qu'elle était vers 11 ans et son quotidien au sein d'une famille migratrice. Il faut dire que voyager d'un pays à un autre Japon, Bangladesh, Birmanie etc ... au grès des mutations professionnelles du chef de famille, aurait pu en déstabiliser plus d'un. Dans ce court roman les oiseaux sont le fils de trame. Ils prennent une place importante et sont la source de joie, d'apprentissage, de modèle. La passion des oiseaux est omniprésente et nous mène lentement à des prise de conscience sur le vie, la mort, les joies et les peines. Les années passent,la jeune fille grandit et se dévoile un peu plus à chaque fois que nous tournons les pages. L'anorexie en réponse à un traumatisme, l'écriture comme thérapie mais surtout comme une discipline de fer. Le parallèle avec le monde des oiseaux souvent mis en exergue. " Ecrire, c'est voler" dit elle. Enfin on retrouve l'Amélie d’aujourd’hui avec la perte de son père et le lien privilégié qu'elle a pu conserver après sa mort. L'explication du titre, de ce que signifie Psychopompe et de quelle manière elle s'est glissée dans ce rôle de guide de l'âme des morts. Comme souvent je suis arrivée au bout du livre bien trop vite, en moins d'une heure trente. Cela me fait toujours le même effet de frustration, une histoire si courte , trop courte. Je me suis glissée au côté de la petite fille, j'ai parcouru les continents et j'ai souffert avec elle dans la mer. Mais surtout la partie consacrée à son travail d'écriture, à son dialogue avec son père défunt m'a bouleversée. Un roman intimiste où l'on sent que se dévoiler est à la fois douloureux et nécessaire. Bonne lecture.

 

 Citations : 

Peu après, mon père me dit qu’il avait discuté avec l’ambassadeur d’Égypte lors d’un cocktail. Celui-ci lui avait raconté, non sans inquiétude, que ma seule présence avait suffi à inspirer au canari de sa fille le besoin de chanter. « Il nous casse les oreilles à présent », s’était plaint l’Égyptien, qui soupçonnait derrière cela quelque sorcellerie.


Le destin psychopompe ne supposait pas de mourir. Il fallait approcher la mort. Dans un terrain vague de Dacca, j’avisai une scène frappante : des vautours posés sur le sol attendaient. Je descendis de vélo et les rejoignis.


Cet après-midi-là, je vis voler au-dessus de la plage l’hirondelle fluviatile. D’habitude, elle n’allait pas jusque-là. Couchée sur le sable, je l’observais. Elle me proposait une interprétation. La violence des mains de la mer avait arraché la coquille, je n’étais plus l’œuf que j’avais été. Oisillon dépourvu de plumes, il me faudrait accéder au statut d’oiseau. Cela serait monstrueusement difficile.