En France en 2050. Trente ans plus tôt, après une semaine d’émeutes insurrectionnelles, une avocate lance le mouvement Transparence citoyenne : les institutions sont démantelées, les lois et les décisions de justice discutées et votées par le peuple. Pour aller au bout de la logique de transparence, désormais les habitations sont en verre et chacun vit sous le regard des autres dans une société sous autosurveillance.
C’est dans ce contexte qu’Hélène Dubern, ex-commissaire de police, mais aujourd’hui on dit gardienne de protection, reprend du service pour retrouver un couple et leur petit garçon, Milo disparus. Mystère d’autant plus épais qu’ils vivaient à Paxton, un quartier particulièrement surveillé avec ses patrouilles de citoyens et gardiens aux entrées.
Roman policier pour l’intrigue qui court d’un bout à l’autre du livre ; intrigue assez biscornue, voire tarabiscotée, basée sur la vengeance après qu’un enfant ait été tué de longues années plus tôt… Avec une Hélène quittée par son mari cavaleur et une fille adolescente vivant comme telle… Ça se lit sans déplaisir et sans plaisir particulier non plus, la lecture file vite et souplement sous la plume concise de l’écrivaine.
Par contre, là où le bouquin est nettement plus intéressant, c’est comme vous l’avez compris, sur le monde et la société qu’est devenue la France. Lilia Hassaine la joue fine à travers son personnage d’Hélène, femme de bon sens. Sans appuyer avec trop de vigueur mais en disant simplement ce qu’il en est de ce nouveau monde, ses prémices que nous vivons aujourd’hui, sous sa plume, mettent à nu leur inanité ou leur ridicule : les réseaux sociaux comme Instagram qui nous montrent la voie de la fin de l’intimité, comme les Open space placent les travailleurs sous l’œil des autres et du patron ; les influenceuses « ces filles aux mines enjouées, payées par des marques pour s’extasier devant tout et n’importe quoi » ; la télévision et son émission populiste de parodie de justice populaire, « Vous pouvez voter directement sur les réseaux sociaux les chéris » etc.
Cette société transparente a ses bons côtés mais son harmonie affichée n’est que relative et « c’est le paradoxe de cette situation, l’utopie d’une société sans secrets nous condamne au mensonge. »
Un roman plutôt pas mal, qu’on se hâtera de lire avant que la réalité ne dépasse la fiction et qu’on pourra classer sur les étagères de sa bibliothèque, à côté par exemple de Sauvagerie de J.G. Ballard.