Éditions de Fallois, 2022 (185 pages)
Ma note : 16/20Quatrième de couverture ...
Depuis le départ de Marius, César est de plus en plus coléreux, et ses amis en font les frais. Lorsque Fanny apprend qu'elle attend un enfant de Marius, le déshonneur la guette...Deux ans après Marius, Marcel Pagnol reprend dans Fanny (1931) ses personnages où il les a laissés. Les spectateurs du Théâtre de Paris retrouvent avec enthousiasme Fanny, César, Panisse, Escartefigue, monsieur Brun, Honorine.
Orane Demazis et Charpin sont au rendez-vous, mais pas Raimu, fâché avec le directeur de la salle, et remplacé par Harry Baur.
En 1932, Marc Allégret tourne Fanny, et Raimu reprend le rôle que Pagnol a écrit pour lui. Le succès du film Fanny est aussi grand que celui de Marius. Des années trente aux années soixante, plusieurs remakes en sont réalisés. Wallace Beery, Emil Janings, Charles Boyer ont interprété César. Maurice Chevalier, lui, a été, en 1961, un Panisse hollywoodien.
La première phrase
" Panisse : Moi, monsieur Brun, si j'étais Napoléon - pas Napoléon Barbichette, je veux dire le vrai Napoléon -, si j'étais Napoléon... "
Mon avis ...
Deuxième volet de La trilogie marseillaise, Fanny nous permet de renouer avec les personnages esquissés par Marcel Pagnol dans le premier opus ( Marius). Et quel bonheur de tous les retrouver ! La bande de joyeux lurons que sont Panisse, Escartefigue et monsieur Brun tente ici par tous les moyens d'en apprendre davantage sur le moral de leur acolyte, César, totalement désemparé et irascible depuis le départ en mer de son fils. Pour Fanny, ce n'est guère mieux. La voici qui se languit et attend, désespérée, le retour de son véritable amour. Marius est parti pour les îles sous le vent, et s'il donne quelques (rares) nouvelles, les deux années qui le sépare de ses proches semblent bien longues...
Le talent de Marcel Pagnol n'est plus à discuter. Bourrés de défauts, capables d'élans de noblesse mais également des pires mensonges ou cachotteries qui soient, ses personnages n'en sont pas moins terriblement humains et ô combien touchants. Pagnol réussit ici le pari de mêler comique et burlesque (Panisse et César, via leurs joutes verbales, nous font sourire voire rire aux éclats) avec un registre plus subtil, plus nuancé. Sans compter les actes II et III qui donnent de l'épaisseur à ses personnages. Aussi, je pense avoir préféré Fanny à Marius (même si j'avais passé un bon moment de lecture en ouvrant le premier ouvrage de la trilogie).
Quant à ce final incroyable... Fanny reste pour moi le personnage le plus émouvant. Par ce qu'elle vit. Par les "choix" qu'elle a pu faire (totalement à contrecœur) pour ne pas froisser sa mère, Honorine, qui la surveille comme le lait sur le feu et craint plus que tout le déshonneur. Disons que c'était une autre époque, mais que par certains aspects il est heureux que les choses aient évolué depuis.
Fanny est donc une pièce en trois actes réussie, remplie d'amour et d'émotion. Les passages qui prêtent à sourire succèdent à des scènes plus sérieuses, à une atmosphère moins légère et plus sombre. J'ai d'ores et déjà hâte de lire César (pièce qui, au contraire des deux autres, a d'abord été jouée avant d'être écrite). Après avoir dévoré L'eau des collines et lu une partie des Souvenirs d'enfance, je ne peux que vous conseiller mille fois de découvrir, si ce n'est déjà fait, la plume de Marcel Pagnol.
Extraits ...
" César : [...] Cet enfant, quand il est né, il pesait quatre kilos... Ceux-là, c'est sa mère qui les a faits. Maintenant, il arrive à sept... C'est trois kilos de plus, c'est trois kilos d'amour. "