Théophile Gautier (1811-1872) est un poète, romancier, peintre et critique d'art. Partisan du romantisme, populaire par ses romans historiques (Capitaine Fracasse), il devient l’un des théoriciens de « l’art pour l’art » et l’un des maîtres de l’école parnassienne qui défendait cette thèse. Spirite est un roman fantastique, d’abord publié en feuilleton en 1865 puis en volume en 1866.
Guy de Malivert est un jeune homme aisé, célibataire mais très sage. Les salons et la bonne société parisienne l’ont marié par avance à la comtesse Cécile d’Ymbercourt, une jeune veuve « assez belle, assez riche, assez à la mode » et celle-ci sensible au charme de Guy tout en ayant eu écho de la rumeur attend en vain une demande officielle. Las, si notre Guy aime se rendre à ses invitations, il n’en est pas amoureux. Un soir se décidant à lui écrire un billet d'excuse pour ne pas venir la voir, sa main prise de fourmillements, écrit un texte qu’il découvre au fil de sa plume tandis qu’un soupir souffle à son oreille. Un membre de son club, le baron de Féroë, « homme à la mode, il vivait d’une façon mystérieuse », va à demi-mots, conseiller Malivert, lui rappelant souvent « que les esprits ont l’œil sur vous ».
Roman d’amour mais d’un amour étrange puisque Guy est la « victime » d’une passion folle nourrie pour lui par une très jeune fille décédée et décidée. Par ses manœuvres elle tente d’éloigner la comtesse d’Ymbercourt des pensées du jeune homme et de se rapprocher pour se faire aimer, du jeune homme.
Comme vous ne lirez pas ce livre j’en révèle l’épilogue (il est encore temps de partir… ?) : la morte va parvenir à ses fins et Guy en être très amoureux mais comment unir un vivant et un esprit ? Le suicide, envisagé, ne réglerait pas le problème, au contraire. Finalement, une rencontre malheureuse et mortelle avec des brigands lors d’un voyage en Grèce va apporter la délivrance à Guy, les tourtereaux « heureux à jamais ; leurs âmes réunies forment un ange d’amour. »
Dans le genre c’est pas mal, de belles phrases longues en bouche, seul bémol hélas, la jeune morte devra s’identifier auprès de Guy, expliquer d’où elle tient son amour pour lui et sa propre vie d’humaine, et ce sont de trop longues pages qui n’en finissent plus, le problème avec les romans d’alors ayant débuté par être des feuilletons.